Liberté économique ou Liberté individuelle ?
Découper la Liberté, c'est la perdre.
Dax - Conférence à Venir
Mon ami Damien Theillier, qui fut le Président fondateur de l’Institut Coppet, qui vit mes débuts de traducteur d’œuvres libérales, m’a invité il y a quelques jours à donner une conférence lors du prochain “Week-End de la Liberté”, qui se tiendra à Dax du 10 au 12 novembre. Je tiens à l’en remercier, ainsi que Patrick de Casanove qui dirige et organise cet événement depuis des années.
Le thème cette année sera : «Liberté politique versus Liberté économique», et me dit-il, «On peut déployer ce thème autour de la question : La liberté économique est-elle une condition indispensable à la liberté politique ?»
Optant bien sûr pour une posture libertarienne et donc pour aborder un tel sujet sur une ligne probablement moins convenue que celle des libéraux qui me feront alors écho, mon titre sera donc «Découper la Liberté, c'est la perdre» et j’entreprends ici une série d’articles qui développera la conférence que je tiendrai durant ce week-end.
Merci d’avance de vos réactions et commentaires, et à bientôt à Dax, peut-être !
Liberté économique vs. Liberté individuelle
Avant toute chose, il convient de revenir rapidement à cette vision libérale classique qui se cache derrière la question posée.
Dans une société qu’on dira “libérale classique”, la Liberté est assurée, garantie par les fonctions régaliennes, police, justice, défense. Puis c’est sur cette base de droit ainsi assuré par la protection civile régalienne que les relations entre personnes peuvent s’envisager, à commencer par les relations contractuelles, qui constituent le noyau dur du fonctionnement économique et donc du Marché.
En clair, pour avoir un sens et surtout pour pouvoir être “exécuté”, tout contrat a besoin que soit préalablement mis en place tout le système juridique et judiciaire, faute de quoi il serait impossible de se tourner vers la justice en cas de différend et passer un contrat serait dès lors parfaitement inutile et vain, tout comme le “Marché”.
Pour le libéral classique, donc, la Liberté du Marché repose ainsi sur le Régalien, qui lui est un préalable logique indispensable. Ce qui justifie tout ce débat qui est notre sujet, lui qui semble bien établir que “la Liberté du Marché s’arrête à la Liberté du Régalien”, si j’ose cette formule en forme de clin d’œil.
(Remarquez au passage que jamais personne ne se demande comment ce régalien fait pour apparaître ainsi par lui-même, comme à partir de rien, avant tout le reste…)
Diagramme de Nolan
Pour illustrer cette dichotomie libérale classique, le célèbre diagramme de Nolan est utile - le vrai diagramme de Nolan, celui en losange. Celui-ci a deux axes, qui tous deux se combinent pour converger vers le sommet - la Liberté. Un axe porte la Liberté économique, l’autre porte la Liberté individuelle. On y retrouve bien notre sujet, cette question de l’articulation de ces deux composantes. Laquelle est nécessaire à l’autre ?
J’ai déjà fait plusieurs fois référence à ce diagramme (par exemple ici, ici et encore là), je ne développerai donc pas plus, on en aura compris le principe je suppose.
Ludwig von Mises
Le célèbre, immense économiste de l’école autrichienne, qui était lui-même un parfait libéral classique, fait néanmoins remarquer à plusieurs reprises dans son “Action Humaine” que dans une société libérale, toute activité sociale reposant sur l’action des individus, laquelle “action” constituant l’atome élémentaire de l’activité économique, on ne peut que conclure que toute l’activité sociale est de nature économique.
Y compris donc cette part d’activité sociale constituée par les fonctions régalienne.
Pour être honnête, Mises ne l’exprime pas aussi clairement que cela, mais vous aurez néanmoins saisi le paradoxe qui s’avance : on croyait la Liberté individuelle être le préalable au Marché, c-à-d. à la Liberté économique, mais voilà qu’il n’y aurait rien de concevable ni de réalisable sans libre activité économique…
Article dans Contrepoints
Pour finir sur cette mise en jambes, je me permets d’évoquer cet article que j’avais publié dans Contrepoints il y a déjà une dizaine d’années, qui reprends cette même idée élaborée par Ludwig von Mises et tente de montrer que, non, décidément, rien dans la société libérale n’échappe à la logique économique, y compris le régalien.
Voir l’article remis à jour ici :
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