La Liberté Manifeste - Chapitre 1 #2
La Liberté peut-elle nous offrir tout ce dont nous avons besoin, ou n’est-elle qu’un point de départ ?
(Suite de l’épisode précédent, ici.)
Iaenzen : Pourquoi tant de gens confondent-ils Liberté et chaos ?
Stéphane : Parce que les états leur ont appris à faire cette confusion. Parce qu’il n’est pas dans la culture inculquée par les états que la Liberté soit comprise, encore moins désirée. On nous convainc depuis tout petits que la Liberté est belle, mais n’a de corps que par le droit positif, étatique, et qu’elle est risquée et dangereuse, voire source de désordre, d’où en effet le “chaos”, afin de nous renvoyer vers le besoin et l’illusion de la protection du régalien d’état. Il est essentiel pour l’état que ses citoyens pensent la Liberté comme un danger, pour qu’il puisse être leur sauveur.
Iaenzen : La Liberté peut-elle nous offrir tout ce dont nous avons besoin, ou n’est-elle qu’un point de départ ?
Stéphane : Plutôt la seconde option, je dirais. Elle ne nous offre pas grand-chose en soi, sinon la possibilité à chacun de trouver ou s’offrir tout ce dont il a besoin, mais aussi envie. Elle rend possible ce qui sinon serait impossible, car interdit. Elle est donc bien un point de départ, et je dirais même qu’elle est LE point de départ de l’ensemble de ce qui peut faire la Vie et la Prospérité. Mais pas n’importe quelle vie, néanmoins : une vie honnête, car elle est aussi le point de départ de la Justice.
Iaenzen : Dans le système démocratique, la Justice est présentée comme l’un des trois pouvoirs de l’état, et se fonde sur l’existence du droit positif. Comment diriez-vous que la Justice s'exprime et se distribue dans une société Libre, fondée sur le droit naturel ?
Stéphane : Nous le verrons sans doute mieux quand nous détaillerons les principes et mécanismes qui assurent la Justice en Libéralie, mais en synthèse on peut répondre que la Justice étant un besoin social fondamental (c’est bien pour cette raison que tous les modèles classiques de régimes, monarchie, démocratie etc. en font un des “pouvoirs” dits régaliens au centre même de leurs institutions), la Liberté poussera à la voir offerte et assurée comme tout autre besoin, c’est-à-dire par les services d’entreprises sur le libre marché. Il en est d’ailleurs de même pour tout ce que les “institutions” des divers régimes sont censées prendre en charge.
Je parlais de point de départ parce que l’immense intérêt d’une telle conception tient à la libre concurrence du marché qui sert d’aiguillon de pertinence, qualité et indépendance que tous les régimes cherchent pour la leur. La justice s’exprime et se distribue donc comme n’importe quel service auprès des gens ayant besoin d’arbitrer leurs conflits.
Iaenzen : Vous avez sûrement remarqué, Stéphane, que dans l’actualité, une des questions les plus importantes débattues parmi les intellectuels du monde entier est la “juste” mesure entre Liberté et sécurité. Au nom de la sécurité collective, nous aurons été privés d’une bonne partie de nos libertés individuelles. Croyez-vous que l’existence d’un dialogue entre Liberté et sécurité soit possible ?
Stéphane : Je ne parlerais pas de dialogue, ce serait ne pas mettre les concepts dans le bon ordre. En effet, je vois bien la tension que vous évoquez nous être avancée comme un contre-argument, comme un défi insurmontable de la Liberté. Mais en réalité cela relève de la propagande, cette tension n’existe pas, du moins pas avec ma compréhension du mot “sécurité”. Si “sécurité” veut dire “absence de risques”, alors il est en effet non seulement en tension avec la Liberté, mais même avec la Vie.
Car vivre, c’est risqué et c’est risquer.1 Puisque c’est choisir ses actions précisément pour améliorer sa situation, donc pour réduire certains risques. Donc je suppose que par “sécurité” on entend plutôt une situation de “moindres risques”. Le problème devient alors celui de la qualification du ou des risques en question. On l’a vu juste avant, le risque est une chose qui contribue aux décisions individuelles, les influence, et sa prise en compte dans ces actions suppose, pour être optimale, que l’individu soit pleinement Libre de sa décision, des options qui s’offrent à lui. La Liberté est donc une précondition des décisions qui pourront conduire à plus de sécurité, et cela pour tout le monde.
Bien sûr, on pourra opposer que dans votre question il s’agissait de la sécurité “de tous”, de “la société”, ou de “la nation”. Mais il faut alors se rendre compte qu’il n’est en rien possible de concevoir, de parler de la sécurité d’un collectif quelconque sans tomber dans l’arbitraire de son évaluation. Laquelle ne peut prendre de sens collectivement alors que l’humanité n’est faite que d’individus : on parle de subjectivité de la valeur, de l’évaluation.
Comme je crois que ce point dépasse la question, je conclurai pour affirmer que, clairement, le dialogue évoqué ne se pose pas dans la réalité, toujours individuelle, où la Liberté prime. Ou plutôt, il se fait naturellement au niveau de chacun lors de sa libre prise de décision, et pour l’imaginer au niveau social ou de l’humanité, il faut partir de cette vision-là.
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