La Liberté Manifeste - Chapitre 1 #1
Le debut d'une longue interview qui fait le tour de ce qu'est la Liberté...
Préambule
Une fausse pandémie peut avoir des répercussions positives inattendues. On y reconnaît bien là notre réalité d’individus qui s’oppose à la chimère collectiviste. Pour ma part, outre de finir de me vacciner contre l’étatisme, elle a mis sur mon chemin quelques magnifiques rencontres, parmi celles qui marquent. Iaenzen Polimata aura été du nombre, et je m’en réjouis. En deux ans, nous sommes ainsi passés de parfaits inconnus l’un envers l’autre à une amitié nouvelle qui nous aura poussés à écrire un livre ensemble. Vous en avez les premières pages au bout des doigts, ou de la souris.
Il l’explique dans sa préface, Iaenzen est un journaliste international, et surtout un citoyen du monde, d’une qualité peu discutable, je tiens à l’exprimer. D’opinion libérale et démocrate à la base, c’est dans le cadre professionnel qu’il me contacta, alors que la crise covidesque se faisait jour. Nos discussions prirent peu à peu corps, et je pus observer l’évolution pas à pas de son regard sur la Liberté, au point de se lancer à en témoigner dans l’ouvrage se cachant derrière ces quelques lignes.
Nous avons ainsi choisi de proposer un livre sous la forme d’une interview, telle une longue enquête menée par Iaenzen, fin limier qui fouillerait dans mon esprit pour en tirer quelques pages à peu près intelligibles afin d’aider à mieux cerner la Liberté et la vision libertarienne de la société libre. Je compte en publier ici des extraits relativement courts, pour mieux aider à la lecture et à la réflexion.
Le premier chapitre porte sur la Liberté elle-même, sa définition et tout spécialement comment elle se distingue de la fausse « liberté démocratique » des libéraux minarchistes. J’espère qu’il sera utile à certains de ces démocrates pour commencer à mieux cerner leur erreur conceptuelle, et à mes amis libertariens pour disposer peut-être d’arguments en plus à reprendre eux-mêmes pour porter plus loin le message de la Liberté. Je vous laisse le découvrir dès à présent, et espère avidement vos avis.
Chapitre I – La Liberté
Iaenzen : Bonjour, Stéphane ! C’est quoi la Liberté ?
Stéphane : Bonjour, Iaenzen ! J’ai envie de commencer en disant ce que la Liberté n’est pas, parce que c’est souvent un meilleur point de départ. Après cela, bien sûr, j’en donnerai une définition, que je crois plutôt simple.
Ainsi, souvent la Liberté est mal comprise, ou du moins, il y a souvent confusion s’agissant de la Liberté. Souvent, bien des gens imaginent la Liberté comme une chose qui permettrait de faire absolument tout ce qu’on veut, au sens de la “licence”. La Liberté absolue, ce serait celle d’un Robinson Crusoé encore seul sur son île, qui donc forcément n’aurait personne pour l’empêcher de faire quoi que ce soit. De plus, ce serait un Robinson Crusoé qui arriverait par exemple à s’envoler, c’est-à-dire qu’il pourrait faire tout ce qu’il a envie de faire, même si physiquement il n’en est normalement pas capable. Cette Liberté serait donc la capacité à faire.
Beaucoup de gens imaginent la Liberté comme cela, celle où personne n’interdirait de faire ce que l’on veut, et en plus celle permettant de faire des choses que normalement on ne serait pas en capacité de faire. Beaucoup de gens s’imaginent la Liberté ainsi, mais ce n’est pas cette Liberté qui nous intéresse, elle n’apporte rien, parce qu’elle est dans le fantasme. À partir de ce rappel, je vais peu à peu vous répondre.
La première remarque consiste à dire : attention, Robinson, quand il est encore tout seul sur son île, il n’est en réalité pas Libre. Il n’est pas Libre parce que, justement, il n'y a encore personne qui pourrait l’empêcher d’être Libre, l’empêcher de faire et d’agir à sa guise. La question de la Liberté ne commence à se poser que lorsque Vendredi arrive sur cette île. Parce qu’à partir du moment où arrive Vendredi, il peut y avoir un Vendredi, une autre personne, qui empêche Robinson d’agir ; et de même il peut y avoir un Robinson qui empêche Vendredi d’agir. C’est à partir de là que la Liberté de l’un se manifeste à partir de la Liberté de l’autre, et inversement. Il y a Liberté lorsque chacun accepte que l’autre agisse, lui en reconnaît le droit, et inversement.
Ainsi la Liberté, ce n’est pas la capacité de faire quelque chose, mais c’est le droit de faire quelque chose, et ce droit s’exprime aussi à travers le droit qu’en a l’autre de même. Le droit est un concept réciproque, symétrique, et en ce sens, il est social. Il n’y a pas de Liberté hors de la société. La Liberté est une chose qui se reconnaît mutuellement : je suis Libre parce que tu me reconnais comme étant Libre ; et de même je te reconnais comme étant Libre.
On comprend ainsi cette symétrie de la Liberté ; d’ailleurs, il y a une définition symétrique, que je n’aime pas beaucoup, mais qui est bien connue. Il s’agit de : “La Liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres.” Avec une telle définition, on comprend tout de suite qu’il y a une symétrie de la Liberté. Pour autant, un des problèmes de cette définition circulaire est qu’elle ne définit rien du tout. Dire “la Liberté est ceci ou cela” en fonction de la Liberté, ce n’est rien définir du tout.
J’en viens à la réponse, il faut donc trouver une définition qui se complète elle-même, qui sort de ce cycle. L’approche prise par la définition des libertariens pour régler cette difficulté consiste à faire le lien avec le droit. Le droit au sens de la justice, du judiciaire, etc. Le droit considéré ici est le droit naturel, pour rester sans impuretés, disons, pour ne pas embarquer plus d’hypothèses cachées qui pourraient nuire.
Cette définition a certainement toute une histoire, mais chez les libertariens elle est connue pour venir de cet auteur célèbre qu’est Murray Rothbard. Elle consiste à dire que “la Liberté, c’est le droit de faire ce qu’on désire de ce dont on a la propriété”. Pour ma part, j’ai cru utile de compléter cette définition, parce que si elle définit la Liberté, elle ne dit pas comment cela se traduit dans la vraie vie.
Donc la Liberté, c’est le droit de faire ce qu’on désire de sa propriété, et ce droit se négocie entre les hommes. Il se négocie, autrement dit il est consenti entre les hommes par la négociation, sans contrainte. C’est la négociation et le libre consentement entre les hommes qui établissent leur Liberté mutuelle. Voilà la définition des libertariens.
Cette définition a l’avantage conséquent d’être un peu plus qu’une définition qui ne dépend plus de la Liberté elle-même. En effet, elle fait aussi le lien de la Liberté avec le droit et l’économie, puisque faire, c’est agir, qui est le champ de l’économie, là où les choses se négocient, et que cette action économique libre l’est parce qu’en lien avec le droit et la propriété. On voit mieux, je crois, cette articulation intime qu’il y a chez les libertariens entre Liberté, droit et économie.
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