Quand une école de management invite Aurélien Barrau
Quand entreprendre a tant perdu son sens qu'il faut se faire insulter pour le retrouver...
Tri des Ordures
Aurélien Barrau1 est un de ces saltimbanques certifiés scientifiques trois étoiles qui envahit de plus en plus tous les espaces boboïsant où son incompétence doublée de son arrogance en font un invité de premier choix des réunions sacrificielles à la mode.
Une “école de management”, qui finit ainsi de démontrer à ses clients la pauvreté de son enseignement, l’a récemment invité à venir y insulter copieusement son parterre et ses enseignants, ce qui a donné lieu à la vidéo ci-contre, que quelques amis m’ont demandé de commenter - ce que me voici embarqué à faire.
Devant le tas d’immondices, j’avoue avoir pour une fois pratiqué le tri des ordures et m’être limité à quelques phrases de début de vidéo, parce qu’à mon sens elles plantent bien le décor et suffisent largement à témoigner de la pensée - pardon, de la bouillie - qui lui sert d’argumentaire décroissant2.
C’est parti.
Quantifier
«Je pense que la quantification et l’évaluation à outrance, c’est justement l’un des grands problèmes de ce temps.»
Comme je ne suis pas mauvais garçon, je commence par une phrase où - miracle - je suis d’accord avec lui - si, si, c’est possible, quand il se plante dans ses propres erreurs.
Quiconque me lit ou m’écoute de temps en temps sait combien je m’oppose à toute forme de recours à l’utilitarisme dans la pensée des relations sociales. L’utilitarisme, c’est l’ensemble des méthodes d’analyse des questions sociales en termes d’efficacité, d’utilité ou même d’efficience. Un utilitariste - comme il est en réalité lui-même, nous le verrons - dispose de tout une palette de mesures, d’étalons, de grandeurs pour juger des rapports sociaux, de la justice ou plus souvent de l’injustice sociale.
Ce sont souvent de grands adeptes de la «science» comme il s’en gausse lui-même, qui par exemple exigent la redistribution car ils auraient trouvé dans leur panoplie de magicien la formule qui permet de mesurer à coup sûr la richesse en notre monde.
Notez qu’il ne s’oppose pas vraiment à la quantification. Il s’oppose à son “outrance”, mot ô combien flou et arbitraire. Mesurer c’est bien, mais ce n’est jamais assez, en fait.
Pour rappel en quelques mots, pour le libertarien - qui lui se soucie de la véritable justice sociale - la quantification utilitariste du monde ne peut jamais convenir à l’analyse sociale. Jamais. La seule question se posant en société est celle du droit toujours légitime de décider pour soi-même et pour sa propriété privée.
On peut le résumer par un : «Sauver la Planète ? Bien sûr ! Commencez par la sauver comme vous le voulez chez vous, je la sauverai comme je le veux chez moi.»
Entreprises et Système
Après cette première assertion brutale, arrive une avalanche3 de tirades qui tente un écran de fumée envers l’auditoire, histoire que son insulte envers les entrepreneurs qui sont juste à côté de lui soit assez masquée pour qu’ils ne s’en vexent pas trop, mais qui pourtant leur assène une guillotine sociale limpide : vous êtes le problème à régler.
J’ai noté quelques mots en gras, à l’argumentation maigre, je vous laisse les peser et y réfléchir, je reviens sur certains juste après cet extrait.
«En fait, je voudrais presque les [entreprises] disculper. Les entreprises ne sont pas sérieuses, bien sûr, mais elles ne peuvent pas l’être, en fait. Parce que les entreprises, comme les individus, qu’elles reflètent dans une large mesure, ne peuvent pas avoir des comportements vertueux dans un système dont les attendus sont fondamentalement vicieux.»
«Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un de jouer à un jeu en espérant qu’il va décider de perdre. Si le jeu se joue comme ça, alors il faut changer la règle, et il faut appeler “victoire” autre chose que ce dont nous sommes coutumiers»
«Ce que je veux dire, c’est que à mon sens, le problème aujourd’hui, ce n’est pas la modalité, c’est la finalité. Or les entreprises - et on ne peut pas leur reprocher - en tant qu’émanations d’une croyance et d’une symbolique systémique, cherchent à modifier les modalités pour parvenir à la même finalité. Mais globalement, et au-delà de l’immédiateté, notre finalité, c’est l’artificialisation du réel, donc la destruction de la vie. C’est la finalité qu’il faut interroger, et pas la manière dont on atteint ce but qui finalement nous fera tous perdre.»
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