L'Ordre Mélien vs le Droit Naturel

La civilisation commence quand l'ordre mélien se retire...

Loïc Finaz

Lors d’un échange récent sur X, un internaute m’interpela sur deux choses qui m’ont semblé mériter cette réaction. La première, sa demande spécifique, fut de réagir au concept «d’ordre mélien», qui j’avoue m’était inconnu, et qu’il me fit découvrir en me renvoyant à la vidéo ci-dessous, où un certain Loïc Finaz nous explique cette notion.

Selon ce qui en ressort sur le Net, Loïc Finaz fut «vice-amiral, ancien directeur de l’Ecole de guerre». À regarder la vidéo donnée ci-dessous, ce monsieur est certes à l’aise et brillant, cultivé, tout à fait intéressant, mais il montre à plusieurs reprises et dès le début qu’il a l’esprit biaisé par ses années passées au sein de l’appareil d’état. Je reviendrai plus bas sur ce point et sur les questions qu’il pose en début de discours.

Ordre Mélien

Mais revenons tout d’abord sur l’ordre «mélien». Ce monsieur nous le définit en quelques phrases en début de conférence, je le cite :

1. «L’ordre mélien, c’est ce qui régit le monde.»

2. «Il n’y a pas de justice entre puissances inégales.» — C’est là sa définition.

3. «Est-ce que ça marche ? Non ! ça merde, l’ordre mélien.»

Donc, en résumé, cet ordre est celui de la puissance et de la violence des états entre eux — aspect important — il est intemporel, selon lui, mais il ne fonctionne pas.

Les états se font et se sont toujours fait la guerre ; les forts écrasent les faibles, depuis Athènes sinon avant ; c’est ce qui explique notre monde et qui l’expliquera demain.

Droit Naturel & Zomia

J’en conclus donc que notre ami internaute m’interpelle avec la question cachée suivante, ou toute variante : “Vous (myself) êtes libertarien, vous vous dites anti-guerre et pour la neutralité, voire pacifiste. Ainsi, comment votre Libéralie pourra-t-elle résister face à la puissance écrasante d’un Athènes du futur, un OTAN d’un autre temps, à l’Ordre mélien ?”

Il y a trois axes de réponse à cette question, nouvelle dans sa forme, mais pas dans sa thématique, je ferai donc des résumés rapides de chaque point, avec des liens à suivre.

Histoire & Zomia

Ainsi ce monsieur pense que son Ordre Mélien (OM) règne et règnera sur le monde. Avec une telle vision, la seule manière de l’espérer disparaître consiste à adopter le plus vite possible un seul état mondial, puisqu’une fois qu’il n’existera plus qu’un seul état, il n’aura plus aucune raison de faire la guerre pour dévorer ses faibles voisins.¹

Or en réalité, rien n’est moins sûr. Car l’histoire est riche de scénarios où le fort n’a pas réussi à absorber le faible, où le faible a pu échapper aux griffes du fort, où le fort a fini par s’effondrer (URSS) et se démanteler en une mosaïque de plus petits “faibles”.

Pour aller plus loin, je conseille au lecteur de découvrir Zomia de James C. Scott, qui retrace l’histoire sur près d’un millénaire en Asie du Sud-Est pour illustrer combien cette immense zone géographique se caractérise par une lutte contre l’OM chinois.

Défense de Libéralie

Sur la question des moyens pour une faible Libéralie de se défendre d’un ogre OM, je renvoie à trois sources qui se complètent, qui en expliquent les mécanismes :

1. Livre : Panorama complet des fonctions régaliennes de la société libre, La Liberté par le Marché du couple Tannehill, dont un chapitre est consacré à cette question.

2. Audio : Interview sur l’Anarcapie qui aborde en particulier la question à travers celle de l’OTAN.

3. Vidéo : Chapitre de notre série pédagogique sur la société libre, chapitre qui traite de la défense et du régalien : Au Cœur de la Liberté.

Droit Naturel & Civilisation

Mais je crois qu’il faut conclure cette réponse au concept de “l’OM régnant sur le Monde” par celui de Civilisation. À toutes les époques dans l’Histoire, et cela depuis bien plus loin qu’Athènes, ce n’est pas l’OM qui a régné, mais le Droit Naturel. Car au sein des terres où les guerriers avaient dû tuer pour les conquérir, la vie au quotidien, essentiellement pacifique, est celle qui nous a conduits jusqu’à aujourd’hui. Cet ordre là, c’est celui de la Civilisation, c’est celui où les hommes les plus sages ont su, chaque fois, renoncer à la violence de tuer l’autre, parce que c’était leur meilleur intérêt in fine.