Le Liechtenstein, seul pays (presque) légitime.
Avoir le droit de faire sécession : Une source de légitimité ?
Légitimité
Le monde actuel est découpé en un peu plus de 200 “pays”, ou 200 “états”. Chacun à sa manière a adopté un texte, connu sous le nom de “constitution”, dont l’objectif premier est de poser, de justifier, d’affirmer la légitimité de son pouvoir politique en place, tant aux yeux du reste du monde qu’aux yeux de ses “citoyens” assujettis.
Cette question de la légitimité des états est un point central des conversations sur la sécession. En effet, si l’état est réellement légitime, clairement revendiquer d’en sortir par la sécession pourrait ne pas être légitime, ou a minima avec bien moins d’évidence.
L’objectif de cet article est d’apporter un élément de réponse à cette question, en la prenant sur un angle que je crois inhabituel, en lien avec ce rôle que les constitutions prétendent jouer. Deux choses rapides avant d’entrer dans le vif du sujet, afin de montrer combien les évidences en la matière peuvent être tout sauf des évidences.
Tout d’abord, ce cher HHH nous rappelle que, non, l’idée d’une constitution n’a pas germé dans les esprits des gens en place pour éviter aux masses de subir l’arbitraire du pouvoir, comme on nous l’explique d’ordinaire. Car pour cela, il aurait suffit que ledit pouvoir en place disparaisse purement et simplement. Mais, précisément, il s’agissait plutôt de trouver une illusion, une astuce, qui justifie de conserver le pouvoir en place :
« L’introduction d’une constitution, en réalité, formalisa et codifia [le] pouvoir [du roi] de taxer et légiférer. La constitution ne fut pas une chose qui protégeait le peuple du roi, mais qui protégeait le roi du peuple. » — Hans-Hermann Hoppe
Voilà qui règle son compte au concept, comme à celui de la DDHC1, idole les libéraux.
L’autre remarque à avoir à l’esprit est celle-ci : Si les états en place pouvaient affirmer leur légitimité par le simple consentement explicite de leurs citoyens, ce qui constitue la seule manière solide et incontestable d’établir une légitimité, ils n’auraient aucun besoin d’une constitution. L’existence même d’une constitution, le recours à un tel document pour prétendre à la légitimité, suffit à démontrer qu’ils ne disposent pas du nécessaire consentement de la part de la population. C’est donc un aveu d’illégitimité.
Le Liechtenstein
Ce pays minuscule est un grand symbole chez les libertariens, l’expression symbolique des «1000 Liechtenstein» l’a rendu célèbre comme seul pays quasi libertarien à ce jour.
Cette célébrité vient d’une particularité majeure de la constitution qui le régit. Sans grande surprise, le territoire n’est pas monolithique, il matérialise l’association de quelques dizaines de districts, communes et villages qui en constituent les entités politiques intermédiaires entre l’autorité de la Principauté et celle des habitants.
Et dans ce pays, ces entités territoriales disposent d’un droit de première importance, un droit dont je (on ?) ne connais aucun équivalent dans aucun autre endroit : en clair, la constitution du Liechtenstein reconnaît à chaque commune le droit de déclarer2 sa sécession, son “autodétermination” comme aime à la nommer le Prince Hans-Adam II.
Certes, ce n’est pas tout à fait un droit de sécession individuelle, qui serait le seul droit qui ferait de ce pays un territoire pleinement libertarien. Mais c’est de loin supérieur à tout ce qu’on peut trouver de disponible aujourd’hui sur le marché de la «civilisation».
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