La propriété privée selon les libertariens contemporains #3
Droit naturel : Sujets "difficiles" : Enfants, robots, animaux, intangible...
(Suite et fin, après une introduction et quatre principes…)
III – Sujets Réputés Difficiles
Forts de l’introduction et des principes précédents, voyons comment peuvent s’aborder certaines questions réputées difficiles de la théorie libertarienne. Plusieurs sont liées au droit au sein de la famille, d’autres vont au contraire chercher les limites supposées du droit hors de l’espèce humaine. On finira avec une rapide incursion dans le domaine intangible et informatique, très particulier.
Revenons donc à l’exemple de l’enfant, du nouveau-né. Pour l’analyser, observons ce qui se passe de sa naissance à son évolution vers le statut d’adulte. Avant la naissance, la mère est propriétaire du fœtus. Car c’est elle qui le porte, elle dont les actions en déterminent la destinée. Il ne s’agit pas de juger la moralité de l’avortement, simplement de constater la réalité : le fœtus n’ayant pas de réalité autonome, il n’est pas possible de décider de son destin sans que cela affecte la mère, ni sans son consentement. La mère est donc propriétaire, elle décide pour l’enfant qu’elle porte, dans les faits.
À la naissance, la mère présente l’enfant à autrui. D’abord à sa famille, qui généralement le reçoit. Parfois cette étape-là peut-être difficile. Elle reste néanmoins le premier niveau de reconnaissance sociale du nouveau-né. Puis il est présenté peu à peu aux proches, aux voisins, aux « gens ». Ce faisant, ce n’est pas la « propriété de soi » du bébé qui est reconnue, mais le droit (et la responsabilité) de la mère, et du père, envers cet enfant, d’un côté, et son intégration à la « société », de l’autre. Par cette reconnaissance, les « gens » reconnaissent le droit de vivre de ce nouvel arrivant et leur devoir de lui accorder et de respecter son droit naturel, c’est-à-dire sa fameuse « propriété de soi ».
Puis l’enfant grandit…
Puis l’enfant grandit. Peu à peu, il acquiert des compétences, de la raison et de l’autonomie. Chaque fois que ses parents lui reconnaissent ces gains d’autonomie, par exemple en lui confiant d’aller chercher le pain, ou de bien se comporter en classe, ils lui accordent une part de « propriété de lui-même », qui lui est de même peu à peu reconnue par autrui, du fait de ses interactions avec eux. La responsabilité parentale passe peu à peu des parents à l’enfant, domaine après domaine, savoir après savoir. Puis un jour, quand il est vu, ou que lui-même se considère pleinement responsable, il devient officiellement ou de facto adulte, c’est-à-dire qu’il lui est enfin reconnu son contrôle direct de lui-même, conjugué à sa capacité à respecter le principe de non-agression.
Trois choses importent sur cet exemple. La « propriété de soi », c’est la reconnaissance de son droit par « les gens » ; les parents sont les tuteurs de l’enfant, ils en sont responsables et décident, comme des propriétaires, mais soumis au droit accordé à l’enfant, ce qui contraint cette propriété ; enfin, l’enfant devient adulte chaque fois qu’il prend plus de responsabilités, quel que soit son âge.
Un autre exemple limite bien connu est celui des comateux, qui par définition n’ont pendant un moment plus leur conscience et ne sont donc pas en état de décider pour eux-mêmes. Parler de propriété d’eux-mêmes perd ainsi tout sens. Ils sont d’ailleurs en général mis sous tutelle, d’un parent ou d’un proche, et la situation est ainsi semblable à celle d’un nouveau-né, simplement transitoire. De la même manière, cette tutelle est une forme de propriété du tuteur, contrainte par le droit acquis par le comateux en tant que personne aux yeux du reste de la société.
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