La CGT Voulait "Revaloriser le Travail Agricole"
Il était une fois une bande de communistes qui prétendaient réfléchir au "Travail"...
Et Râle Tribune
Il y a quelques jours, à l’occasion de cette nième crise des agriculteurs où les tracteurs étaient de sortie, la CGT1 récemment féminisée, associée à une paysânerie féminisée de même, publiait une “tribune” sur son site web où ces dames entendaient réaffirmer haut et fort que le Travail est la base de tout et doit donc être “revalorisé”, parce que !!
Je rappelle rapidement que le travail n’a en réalité aucune valeur en ce monde, même s’il faut le plus souvent travailler pour espérer vivre et prospérer de ses fruits. Cela se démontre aisément, voici : Si le seul fait même de travailler pouvait nous enrichir, il y a longtemps que nous serions tous riches ; car il suffirait alors de chacun creuser un trou puis le reboucher, et de recommencer sans arrêt pour que du travail soit produit.
On voit aussitôt combien lancer un cri pour “revaloriser” le “travail” est une belle idée.
Pourquoi, une fois encore, réagir à une telle publication ? Parce qu’elle insuffle un modèle de société communiste, qui entre peu à peu dans les esprits, un modèle où les hommes robots sont là pour travailler comme des machines, et la CGT se chargera de les nourrir, de leur bonheur, de leur vie : «Vous ne possèderez rien et vous serez heureux».
Mais voyons plutôt cette “tribune”. J’en reprends divers extraits ci-dessous, avec mes commentaires. Une image, plus bas, en reproduit la première page. Bonne lecture.
Le Scandale
La mobilisation du monde agricole met en lumière un scandale.
D'un côté, de plus en plus de paysans et de paysannes ne vivent plus de leur travail.
De l'autre, les prix de l'alimentation explosent et les salariés sont toujours plus nombreux à être en difficulté pour manger correctement.
Pourquoi ? Parce que les richesses sont captées par la finance, les multinationales de l'agroalimentaire et par la grande distribution dont les marges atteignent des records.
La lecture que font ces menteurs de l’économie est toujours aveuglément simple. Il y a les gentils et les méchants, les pauvres et les riches, les travailleurs et les exploiteurs. Les trois premières phrases ne sont pas totalement fausses, remarquez bien. Mais le “pourquoi” laisse grandement à désirer : où est l’explication précise, s’il vous plaît ? Qu’est-ce qui vous permet, Mme Sophie, d’affirmer que ce sont bien les seules causes ?
Car, sans entrer dans tous les détails de ce marché complexe, il est évident que l’état français2 a été oublié dans l’analyse. Or c’est lui et lui seul qui fixe les règles du jeu. C’est lui qui rigidifie l’activité agricole, c’est lui qui rigidifie le marché, c’est lui qui interdit la concurrence qui pourrait donner de l’oxygène à tous, c’est lui qui impose les fantasmagories venues de Bruxelles, c’est lui qui subventionne jusqu’à la dépendance.
Ne pas le voir, refuser de le voir, c’est faire de l’état une évidence, un bienfait. C’est tout à fait cohérent avec le projet de société communiste, mais chut, faut pas le dire !
Ce sont les mêmes ?
Ce sont les mêmes, les patrons de l'agroalimentaire et les patrons de la grande distribution, qui s'allient pour tirer vers le bas la rémunération des agriculteurs et qui exploitent leurs salariés. Les causes du malaise sont les mêmes, les revendications se rejoignent : vivre dignement de notre métier. Nous appelons les salariés et les paysans à s'unir pour mettre fin au vol de leur travail par les multinationales et par les actionnaires.
Voilà l’argumentaire anti “patrons” — tiens, on est passé de la “finance” et des “multi-nationales” aux méchants patrons, à l’ancienne. Allo Karl Marx ? On a besoin de toi !
Le patron ayant servi d’étape rhétorique, hop ! on en arrive à notre sujet central : le patron nous exploite, c’est lui le voleur, c’est à cause de lui qu’on n’arrive pas à vivre “dignement”, il faut donc qu’il cesse de “voler notre travail” — méchant capitaliste ! Et pour bien enfoncer le clou, hop ! on va chercher l’actionnaire, le dernier des salauds.
Voilà le thème communiste ressorti : le travail suffit à justifier de vivre “dignement”. Quel travail, à quel prix, qui le paye sont de mauvaises questions, ou plutôt il est simple d’y répondre : tout travail mérite salaire, et l’état paye avec l’argent des “riches”.
Le débat public autour des conditions de travail et le niveau de rémunération des agriculteurs et agricultrices doit permettre de réorienter les politiques publiques au service de l'intérêt général et des travailleuses et travailleurs de la terre. S'il n'y a pas de paysannes et de paysans au travail, il n'y a pas de nourriture dans les assiettes. Point barre.
Ces hommes et ces femmes qui se lèvent jour après jour, prennent soin de la terre et des animaux, sont indispensables à toutes et tous pour pouvoir effectuer les activités individuelles ou collectives de la vie courante.
Ici, la tribune prend un virage annonçant le tribut, sous forme de chantage : si toi pas donner sous à nous, nous pas travailler et toi plus manger. Point barre, elle dit, Sophie.
Autrement dit, on a tellement de service à vous rendre, nos produits agricoles sont tellement meilleurs que les autres, notre capacité à les produire au moment où vous en avez besoin est tellement excellente, que vous ne pourrez pas vous passer de nous.
J’ironise, mais on aura bien noté mon argument : un adulte civilisé, entrepreneur, pour convaincre ses clients de lui acheter ses produits au meilleur prix, mettra en avant leur qualité et tous les avantages que le client pourra en tirer. Ici, Sophie et ses copains ne s’embarrassent pas de séduire ni de négocier de la sorte : ils nous menacent.
Agriculteurs Patrons
La seule réponse qui leur est apportée est la course au gigantisme.
Pour tenter d'avoir un revenu digne, il faut produire toujours plus, s'agrandir, et s'endetter. Ainsi les agriculteurs se retrouvent dépendants voire pieds et poings liés vis-à-vis de l'agrobusiness et on transforme les paysans en « agrimanagers » avec une logique de patrons.
L'histoire a démarré avec cette logique de libéralisation prônée par l'OMC. L'industrie française n'a pas pu résister contre le moins-disant social et environnemental. L'usine France a été délocalisée. Le monde ouvrier en a fait les frais.
Au cas où l’on n’aurait pas compris jusqu’ici, Sophie clarifie son propos. L’agriculteur n’est pas un patron, il est un ouvrier. Ouvrier, il ne peut être sauvé que par la CGT. Merci Sophie Sauveur. CQFD.
Pourtant, tout cela est parfaitement faux. Les agriculteurs sont dans leur immense majorité des entrepreneurs propriétaires de leurs exploitations. Il est donc plus que parfaitement légitime d’attendre d’eux qu’ils se conduisent en “agrimanagers”.
Et quelque part, tout le problème est précisément que la rigidité des textes leur interdit de se comporter en entrepreneurs, pour ne plus être que des machines à produire ce que le planisme centralisé aura prévu qu’ils produisent, comme en URSS.
Sophie parle de libéralisation, mais en France, c’est le communisme qui s’est imposé. Alors bien sûr, quand le communisme finit sur le marché mondial, ce sont les fusibles qui trinquent. Mais chuut, faut pas le dire ! Les fusibles pourraient bien se réveiller.
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