Enfin moins de riches !
Ciel ! Enfin moins de riches, mais des riches plus riches !
My Tailor Is Riche
Il y a quelques jours, Huffington publiait un article avec le titre suivant : «Voici le profil type d’une personne riche en France, selon l’Observatoire des inégalités». Et voilà aussitôt que se déverse un flot d’hérésies économiques, à manipuler des concepts indéfinis.
La thèse de l’article est assez simple à résumer : Si certains ont déterminé (dans le plus grand arbitraire) un «seuil de pauvreté» (le montant de 1158€ en 2021 est retenu), il n’y a pas d’équivalent comme seuil de richesse ; alors un “Observatoire des inégalités” (dont le seul nom véhicule l’objectivité scientifique) a décidé d’en créer un de toutes pièces, à base de logique statistique — à supposer que la statistique soit l’expression de la logique : deux fois le revenu médian, c’est-à-dire deux fois le revenu coupant la population en deux parties égales, ceux qui gagnent moins et ceux qui gagnent plus.1
Selon l’article, ce seuil “du double médian” serait à 3860€ pour une personne seule.2
À partir de là, l’article, un peu frustré d’un montant si faible, s’intéresse aux “ultra-riches”, aux hommes comparés aux femmes et aux villes riches, ces enfers d’injustice.
Que nous dit une telle démarche ? Que nous dit ce résultat ? Que nous disent les autres chiffres de l’article ? Que peut-on proposer en réponse à cet Observatoire ?
Deuil de Pauvreté
Premier point : peut-on parler, peut-on poser, définir un seuil de pauvreté valable ? On se doute que la réponse est forcément un “non” net et définitif.3
Cette notion repose sur plusieurs erreurs économiques fondamentales :
Le revenu mensuel seul suffirait à embrasser tout ce qui fait la pauvreté. Il est pourtant clair qu’elle est relative à un pays, que le capital est à prendre en compte et que le pouvoir d’achat de la monnaie est également déterminant.
Ce seuil est calculé on ne sait trop comment, il a tout d’arbitraire. S’il repose sur des hypothèses de besoins d’achats “indispensables”, il croit pouvoir se mettre à la place des gens quant aux arbitrages de dépenses qu’il leur convient de faire. On est dans une vision utilitariste égalitariste qui ne correspond en rien au pauvre.
Ne considérer que le revenu fait totalement abstraction des aides sociales qui accompagnent la situation de “pauvre”, contribuant largement à réduire les effets de la pauvreté, voire contribuant à niveau de vie bien meilleur que bien des gens.
Un ami proche se trouve être dans une situation bien en deçà du seuil des 1158 euros, et pourtant il arrive à vivre et à économiser pour améliorer sa situation. De plus, il a choisi cette situation volontairement, il ne la subit pas. Il est pauvre, certes, mais si vous lui posez la question, je crois qu’il vous dira qu’il est riche.
Double Médian
Néanmoins, si pour l’exercice on accepte de prendre ce “seuil de pauvreté” pour référence, faut-il pour autant accepter l’arbitraire d’un “seuil de richesse” qui ne serait qu’un pur jeu de chiffres sans aucun lien avec la réalité sociale ?
Par exemple, si l’on doit absolument jouer avec les chiffres, si l’on admet un “revenu médian” — parce que lui, au moins, présente une certaine objectivité — pourquoi ne pas plutôt couper les “riches” en deux, disons ? Ainsi, parmi les 50% gagnant plus que le “revenu médian”, prenons à nouveau leur revenu médian comme seuil : cela nous donnerai un quart de “moyens plus” et un quart objectif de “relativement riches”.4
Je crois qu’il convient de souligner l’état d’esprit que révèle la méthode préférée par cet “Observatoire” plutôt que celle que je viens de proposer — ou tout équivalent. Pour un “Observatoire des inégalités”, il est évident que l’idéal serait de prendre le “revenu médian” comme “seuil de richesse”. Mais ce n’est pas encore tout à fait acceptable, ce montant est trop faible pour qu’une personne gagnant moins de 4000 euros se reconnaisse parmi les “riches”. Mais il faut pourtant que ce seuil soit assez bas, afin de culpabiliser le plus de méchants riches possible. Alors on a recours à un artifice, on double (on pourrait tripler, quadrupler, mais non…) le “revenu médian”.
Mais pour autant, qui se reconnaîtra comme “riche” avec moins de 8000€ par mois ?
Ultra-Riches
L’article ne peut s’empêcher de vilipender les “0,1% d’ultra-riches”, comme si le simple fait d’être riche était en soi une mauvaise choses — la technique n’a rien de nouveau.
Toutefois, une remarque sur les 10% les plus riches nous renseigne sur les 90% :
Les 10 % les plus fortunés captaient ainsi en 2021 47 % du patrimoine total des ménages français, un chiffre en hausse de six points en dix ans.
Ce qui veut dire que les 90% les moins riches ont vu leur part relative de patrimoine baisser. La France est un pays paradoxal, un pays communiste où le capital s’appauvrit pour tout le monde, sauf ceux-là mêmes que les communistes voudraient appauvrir.
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