Economie Sociale et Solidaire, vraiment ?
Quand on découvre l'ESS, on en retient surtout le SS.
Définition
Vous avez sans doute comme moi déjà rencontré plusieurs fois ce terme, cet acronyme bizarre évoquant une «Economie Sociale et Solidaire». Car voyez-vous, l’économie “normale” ne serait pas, ne pourrait être ni sociale ni solidaire. Heureusement que la gauche est passée par là pour remettre un peu de justice sociale dans la loi de la jungle.
Qu’entendent par ce terme ses promoteurs ? Les sites qui en font la propagande, euhh, pardon, en font la promotion, sont nombreux,1 mais j’ai pensé que me référer à l’état français2 restait en l’espèce la source la plus ‘incontestable’ pour trouver sa définition.
Le concept d'économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d'entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d'utilité sociale. Ces entreprises adoptent des modes de gestion démocratiques et participatifs. Elles encadrent strictement l'utilisation des bénéfices qu'elles réalisent : le profit individuel est proscrit et les résultats sont réinvestis. Leurs ressources financières sont généralement en partie publiques.
Que nous dit cette définition ?
Les entreprises capitalistes, le capitalisme en fait, est banni. Il est “mal”, “pas bien”.
Il faut qu’un “principe de solidarité” et “d’utilité sociale” soit posé, sinon il n’irait pas de soi. L’entreprise “normale” ne serait ni solidaire, ni socialement utile.
La gestion doit être démocratique, car une gestion traditionnelle ne saurait être solidaire et sociale. Le patron d’entreprise ne saurait être solidaire et utile.
Les bénéfices, on les admets, mais pas les profits individuels. Il faut réinvestir et non distribuer des dividendes. Les dividendes, c’est une autre forme du “mal”.
On ne parle de capital — de mise de fond — nulle part. Nul besoin, car l’état assure le financement. L’ESS peut exister grâce à l’argent magique de l’état.
Loi de la Jungle
On l’aura compris, selon ce texte,3 l’entreprise «classique» est bannie, sa «loi de la jungle» ne lui permet en aucune manière d’espérer être sociale et solidaire. Seuls les principes hérités du marxisme, ou du moins anti-capitalistes, atteignent ces objectifs.
Je vous propose donc d’approfondir cette ESS à partir de sa définition en trois étapes :
Analyse économique, pour déterminer si elle est bien sociale et solidaire.
Comparaison rapide avec leur vision de l’ESS sur un diagramme de Venn.
Prendre un peu de recul et parler de la guerre culturelle que l’ESS nous masque.
Sociale & Solidaire ?
Utilité Sociale
C’est probablement le mythe le plus profondément ancré dans les esprits, et qui à lui seul suffit à expliquer toute la démarche démagogique du phénomène de l’ESS. Dès que l’on conçoit l’entreprise sous le prisme marxiste, où le profit, ou bénéfice, est une marque de l’exploitation capitaliste, on ne peut qu’aspirer à une vraie utilité sociale.
Pourtant, si l’entreprise, en général, n’était qu’inutile, sans utilité sociale, comment expliquer qu’elle ait simplement émergé spontanément au sein de la société des hommes, à une époque en plus où ils étaient bien plus libres encore qu’aujourd’hui ? À une époque donc où il leur était bien plus facile de la refuser par inutilité flagrante ?
Mieux, si selon la définition donnée, l’ESS seule garantie et apporte de l’utilité sociale, cela devrait se traduire par un succès incomparable en termes de demande. L’ESS devrait donc constituer un véritable raz de marée au sein de la société, elle devrait balayer toutes les autres formes économiques hors du marché par effet de concurrence.
On aura compris l’idée, laquelle se voit renforcée par le besoin de finances publiques...
Association sans But Lucratif
La liste des formes d’organisation est claire, en gros tout est autorisé, sauf l’entreprise “normale”, forcément capitaliste. La chose est entendue, l’entreprise est coupable de non utilité sociale et de non solidarité. Nous sommes arrivés au XXIe, non pas grâce au capitalisme et ses entreprises, mais malgré lui. Enfin, demain, viendra la solidarité.
Mais cette solidarité, rendue permise, et même garantie par la possibilité de grasses subventions ou finances publiques, n’en voient-ils donc pas la contradiction ? Quelle serait cette solidarité qui viendrait non pas de dons spontanés de personnes ayant fait le choix de leur solidarité d’avec tel ou tel projet d’ESS, mais du recel d’impôts pris de force à des contribuables extorqués, auxquels on n’a même pas fait savoir l’usage des sommes retirées de leur poches ? L’argent public est l’agent le plus impudique qui soit.
Actionnaires & Dividendes
On l’aura compris, eux aussi ne sauraient être socialement utiles, encore moins acteurs de la solidarité ! Pas bien les dividendes pris aux travailleurs, n’est-ce pas ? Pourtant… Pourtant, est-ce si sûr ? Quel est le rôle de l’actionnaire ? Quel est le service social qu’il rend, même lorsqu’il n’en est pas toujours pleinement conscient ?
L’actionnaire choisit de restreindre sa consommation pour confier du capital à une entreprise, afin que celle-ci puisse produire et payer ses salariés avant que l’argent de ses clients prenne le relai. Il se sacrifie donc pour que les salaires soient versés. Quel acte social est plus solidaire que celui-ci, s’il vous plaît ? Où est le méchant là-dedans ?
Décisions Démocratiques
La gestion devrait être démocratique pour être utile et solidaire, nous dit la définition. Je suppose que c’est pour assurer que toutes les voix, tous les besoins et demandes seront entendus. Je suppose que c’est l’inculture économique qui s’exprime, ne voyant pas que le marché, la concurrence, l’entreprise est par nature à l’écoute de ses clients.
Mais une décision démocratique, cela ne garantit en rien l’écoute des minorités, ni que les décisions seront les meilleures. L’entreprise libre peut décider de servir telle minorité parce qu’elle se pense compétente pour le faire. Une ESS démocratique ne pourra pas faire un tel choix. L’entreprise libre sera obligée d’être attentive à ne pas gaspiller ses ressources, obtenues à grand prix. Une ESS financée par la subvention (et dont les décisions viennent d’une majorité mathématiquement moins subtile que la moyenne) a toutes les chances de ne pas hésiter à gaspiller les ressources publiques.
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