Ces métiers cachant des fonctionnaires
Une étude économique simple de quelques professions “nobles”...
Libérales ?
Il y a en ce pays diverses professions qui sont qualifiées de “libérales”. On pense aux médecins, aux pharmaciens, aux sages-femmes, ainsi qu’aux avocats et notaires. Elles ont gardé ce qualificatif parce qu’il fut une époque, avant 1945 et les “Ordonnances de 45”1 qui mirent en place les «Ordres» correspondant, les professionnels de ces métiers étaient ce que de nos jours on appellerait des «auto-entrepreneurs», soumis à la pleine liberté de commercer, de s’installer, de pratiquer des tarifs libres, au prix de la simple responsabilité civile, au même titre qu’un boulanger, qu’un peintre ou qu’un bûcheron.
Or, depuis 1945, beaucoup de choses se sont passées, que je ne passerai pas en revue, c’est la situation actuelle qui m’importe et l’écart avec la situation d’avant ce tournant. Je retiendrai deux métiers, médecin et commissaire aux comptes / expert-comptable, le premier parce qu’il est connu de tout le monde, le second parce que j’y ai trempé de longues années moi-même et je pense pouvoir en témoigner avec assez de pertinence.
Concernant les médecins, je prendrai trois angles qui ne surprendront personne pour convaincre du glissement de cette profession vers un statut de quasi fonctionnaires :
La tarification imposée par la loi.
Les déserts médicaux et le planisme imposé par l’Ordre (ou «OdM» plus loin).
La soumission de l’Ordre au pouvoir politique, avec mise en danger populaire.
Médecins Fonctionnaires
Tarification
Sur un marché libre, c’est la loi de l’offre et de la demande qui fait les prix. D’une profession «libérale», on s’attendrait à ce que, fière de la pertinence de son offre, elle suive le marché avec des prix tous les plus variables les uns que les autres. Or il n’en est rien, le plus gros des médecins de nos jours suit la tarification fixe et uniforme2 de la Sécu, un misérable 26,503 euros par consultation, si je ne me trompe. Suite à quoi, on peut dégager trois catégories de généralistes (et spécialistes) sur le marché :
Ceux qui osent pratiquer des tarifs plus élevés, parce qu’ils parient que la qualité de leur service leur assurera un flux réguliers de clients,4 comme ce devrait être pour toute profession reposant sur une expertise, une compétence, un service.
Ceux qui pratiquent les tarifs officiels, dignes de smicards, mais compensent en multipliant le nombre des consultations, quitte à ce que les gens attendent des heures leur tour en salle d’attente, même avec un rendez-vous. Ceux-là ne font plus de la médecine depuis longtemps, mais ils ont aussi quitté l’entrepreneuriat.
Enfin, il y a les miséreux qui n’ont pas assez de clients pour bien gagner leur vie. C’est pourtant l’Ordre qui est censé leur assurer leurs revenus en organisant la pénurie des médecins grâce au fameux numerus clausus limitant la formation. C’est que vous comprenez, on ne peut pas mettre 7 ou 10 ans à former un toubib sans jamais le former à être entrepreneur, puis ensuite le laisser seul sur le marché…5
Déserts Médicaux
Sur ce dernier point, un des chefs d’œuvre de l’OdM aura consisté à créer et organiser des régions entières dites «déserts médicaux» en ce pays. Les incultes économiques qui siègent à l’OdM ont toujours craint qu’un marché libre de la médecine aurait les conséquences inacceptables — selon eux, selon leur vue de la profession — suivantes :
Attirés par le marché des grandes villes, tous les médecins fuiraient les campagnes, les zones peu peuplées et les petites villes, aux maigres promesses.
Pourtant très vite, la concurrence dans les villes ferait s’effondrer les tarifs, et au final toute la profession souffrirait d’une relative misère malgré ses 7 ans d’études.
Alors l’OdM a limité le nombre des nouveaux diplômés dans l’espoir que cette pénurie suffirait à maintenir les tarifs élevés et à réduire les effets de la concurrence “sauvage”.
Mais plus l’état poussait pour réduire les tarifs, moins les médecins des villes avaient de motivations à quitter les villes pour saisir les opportunités en rase campagne. Ceux de la catégorie 1 (ci-dessus) avaient le plus à perdre ; la catégorie 2 l’est devenue par refus d’aller tenter sa chance et par sa préférence à s’enfoncer dans la médecine de bureaucrate, et la catégorie 3 n’a pas les moyens de déménager et tout recommencer.
Soumission au Pouvoir
Car l’Ordre, créé par l’état, au lieu de s’opposer à celui-ci et à son communisme inné, ne pouvait que lui être inféodé et, malgré les apparences, organiser la ruine collective. Sa soumission au Pouvoir lui a fait accepter les tarifs fixés par la Sécu, la tarification à l’acte et plus récemment, lors du scandale du Covid, les sanctions finissant de violer la liberté de jugement et d’ordonnance des médecins. Ils sont devenus des instruments.
On aura noté que dans ces trois résumés de ces trois phénomènes, la compétence et la pertinence des praticiens ne sont intervenues qu’à la marge. L’OdM veille bien à ne pas envisager que tous les médecins ne se valent pas, car cela “nuirait à leur image” et pourrait remettre en question la formation et surtout la maigre résistance faite envers la Sécu : imaginez quel tarif elle exigerait des médecins reconnus moins performants !
Tout cela n’est qu’un survol, plein de raccourcis, j’en suis bien conscient, mais je crois qu’il suffit largement à illustrer mon propos : qu’on veuille bien m’expliquer ce qu’il reste désormais de liberté dans le cadre de la profession de médecin en France, SVP…
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