Bac de Philo 2024
en a fait un post sur X/Twitter le jour même, le Bac 2024 posait une question non pas de philosophie, mais de philosophie politique aux candidats bacheliers de cette année. La réponse d’Arthur est à la fois très simple et tout à fait pertinente, mais j’ai pensé que néanmoins, je pouvais moi aussi tenter ma chance à aller chercher une note au-dessus de la moyenne — quoique, à notre époque, une réponse pertinente vous vaut bien plus souvent une mauvaise note que la moyenne.La fameuse question posée était donc : «L’État nous doit-il quelque chose ?»
Ma copie de Bac sera organisée en quatre points — au diable le stupide thèse - antithèse - synthèse, on fait de l’analyse et de la logique ici, pas de la dialectique :
Collectivisme et utilitarisme intrinsèques de la question.
Remise en cause du service à rendre ?
Remise en cause implicite du régalien ?
Clientélisme démocratique sournois.
Collectivisme & Utilitarisme
Il convient d’emblée de noter qu’une telle question se garde bien d’interpeller sur le principe même de «l’État» : on questionne son rôle, ses attributs ou attributions, j’y reviens, mais on se garde bien de questionner sa légitimité en soi. «Quand le Sage montre la Lune, l’Imbécile regarde le doigt», ou plutôt, «Pour éviter que le Sage voie la Lune, l’Imbécile lui montre le doigt.» Le Bac est un vecteur de la pensée collectiviste.1
Comme la question de l’état est évacuée, forcément le concepteur des sujets de Bac se retrouve avec moins de champ des possibles quant à l’élaboration de sa question. Il ne peut plus aller que sur le terrain du “l’état, mais à quoi que ça sert-il donc, une fois ?”
Le lecteur légèrement avisé, même légèrement aviné, aura reconnu là la démarche bien utilitariste qui caractérise toutes les formes de socialisme et collectivisme. Ce qui confirme une fois encore, s’il en était besoin, que nous sommes bien dans un pays de mentalité, d’esprit et de conception socialistes et que ses forces chargées de la bonne instruction, pardon de la bonne “éducation” de nos bambins, pensent en socialistes.
Service à Rendre ?
Mais même une fois qu’on est entré dans le monde de la pensée utilitariste, la question posée n’en a pas fini de tendre des pièges. Car le simple fait de poser une question qui ouvre la possibilité d’un état qui, bien que considéré allant de soi, un peu comme Dieu (qu’importe de quelle religion, ici), ne suffirait pas à rendre évident son seul rôle possible de fournisseur des fonctions régaliennes. On pourrait donc se trouver à devoir subir un état qui ne servirait strictement à rien, même pas à rendre — en théorie du moins, bien sûr — l’ordre et la justice, la protection de ses esclaves ?
Le “prof de philo” qui a pensé cette question n’a pas non plus imaginé que la question de l’état pouvait s’aborder sous un autre angle encore, celui du marché ! Parfaitement normal en notre France, l’état est un acquis conceptuel et il ne viendrait à personne le début de l’idée que ses services puissent être confiés à, fournis par, contesté par des entreprises, en concurrence entre elles et surtout en concurrence libre avec lui !
Mais sur cette question des services à rendre, que peut-on donc attendre d’un élève de terminale contemporain et comptant pour rien, dans cette EdNat en phase terminale ?
On ne saurait espérer du pauvre mouton de faire mieux que ses enseignants ! On ne saurait donc espérer du jeune mouton2 qu’il fasse autre chose qu’envisager une lettre au Père Noël pour les services que son état fantasmé devrait lui rendre, puisque le monde autour de lui lui montre un état dont les sévices publics semblent sans fin.
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