Vous avez demandé la minarchie, ne quittez pas
La minarchie, cible atteignable, décente, concevable, compatible avec la démocratie et davantage d’avantages...
« L’idée d’un état minimal est conceptuellement erronée. Les états minimaux ne peuvent jamais demeurer minimaux. »
Hans-Hermann Hoppe
Principe de moindre agression ?
On me parle beaucoup de minarchie ou de minarchisme. On m’agresse même avec la minarchie, à croire même que c’est un test, une recherche du « principe de moindre agression ». La minarchie, système où l’état serait « minimal », est un régime vu par beaucoup, si ce n’est par tous les libéraux, comme « raisonnable », par opposition à l’anarchisme capitaliste que je promeus, qui serait une utopie abominable et instable. La minarchie serait une cible atteignable, décente et concevable, compatible avec nos institutions, avec la démocratie, et je passe davantage d’avantages qui l’avantagent davantage.
Or rien n’est moins imprécis que cette minarchie, il semble bien qu’il y ait autant de minarchies que de minarchistes dans ce monde. On trouve la définition de la monarchie, mais je n’en ai pas trouvé pour la minarchie.
Néanmoins, un minarchiste rencontré récemment pense la définir comme un régime caractérisé par un « état minimal », ce qui reste vague. Poussé un peu par mes soins sans voir le problème, il finit par me donner deux propriétés pour aller vers plus de concret. Sa minarchie se limiterait ainsi à :
« Protéger les individus, leurs libertés, leurs biens, leur environnement (police, justice, armée, diplomatie).
Gérer les biens collectifs (routes, etc. comme un syndic de copropriété). »
Malgré mes encouragements, il n’est pas allé plus loin. Pourtant, c’est un peu court, jeune homme. On aurait pu dire bien des choses en somme.
Certes, on comprend que dans l’esprit il s’agit d’assurer le régalien, mais constatons que le détail témoigne d’un manque de clarté et de précision. Ainsi, la Liberté ne se met jamais au pluriel et la pauvre n’a même pas le Droit ni la propriété pour la matérialiser. Ensuite, l’environnement n’a pas à être protégé, comme c’est un bien, il l’est déjà par la propriété. Mais il est vrai que notre ami accepte le concept de bien collectif qui n’appartient à personne.
Pas si minimal
Cher minarchiste, un tel état n’est pas si minimal que ça. Ainsi, on pourrait en imaginer un dont la seule fonction serait de protéger les individus et leur propriété par le respect du droit. Et rien d’autre. Il serait facile de montrer que ce seul principe suffit à assurer tout ce que vous avez listé ci-dessus. Or c’est ce même principe qui suffit à fonder l’anarcapie.
Je ne cherche pas à critiquer ce malheureux minarchiste en particulier, mais à montrer combien les minarchistes ne s’accordent guère entre eux. Et qu’en plus, la véritable minarchie, cette fameuse recherche du minimal, est bien plus proche de l’anarcapie qu’ils arrivent à le voir. Pour ne pas dire identique.
Ainsi, on voit fleurir autant de minarchies qu’il y a de minarchistes, chacun plaçant son minimum non pas là où il est théoriquement, mais en réalité là où chacun a été lui-même capable de le concevoir. La minarchie devient alors ce concept utopique à force d’être insaisissable et dont l’utilité prend la forme d’un thermomètre qui mesure le degré de progression du minarchiste, le point d’évaporation étant atteint quand il se rend compte qu’il est devenu anarcap.
Monarchie or minarchie, zat iz ze question.
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