Une politique étrangère ? Pourquoi ?
Le meilleur moyen de ne pas faire la guerre, c'est de n'avoir aucun état pour la faire.
Politique étrange, étrangers à la politique…
La question de la défense, et au-delà de la politique étrangère, est un des sujets polémiques souvent avancé par certains pour contester la vision libérale et la qualifier d’utopisme. Le sujet est vaste, ce texte se veut très synthétique et mérite sans doute des compléments de lecture, mais les bases sont et restent simples.
Une des grandes fiertés des étatistes est de croire pouvoir opposer aux libertariens que la société libre ne propose pas de « véritable solution » à la question de la défense, c’est-à-dire à la capacité à réagir, voire à repousser l’agression d’un état étranger. La chose est loin d’être si binaire, car le sujet ne l’est pas, et in fine la réponse s’avère souvent pleine de surprises pour nos interlocuteurs.
Argumentaire
Tout d’abord, il est pitoyable que la guerre ou l’agression puisse être un argument pro-étatiste ou contre-libéral, car cela demeure un argument contraire à la logique même de toute civilisation. Si l’état est celui qui mène les guerres et donc qui en est la cause, on ne peut pas se servir de la guerre comme argument pour contester une société libérée de l’état. Ce serait comme contester l’exigence de sortie de l’état du marché du travail pour régler la question du chômage, phénomène étatique.
Quand bien même, la réalité demain sera en effet, pour un territoire pleinement libre, de choisir comment anticiper la possible agression par un état externe. La question se pose déjà de nos jours pour les pays, comme la Suisse, qui sont neutres et doivent néanmoins ne pas rester sans défense.
Il y a plusieurs principes qui peuvent être combinés pour constituer une défense à la fois efficace et pourtant conforme aux principes libéraux. Certains sont développés ci-après – mais l’imagination et l’innovation de la Liberté en trouvera bien d’autres, à n’en pas douter. Ils ont tous en commun de chercher à prendre l’état et la force à contre-pied en confiant la défense non pas au collectif mais aux individus, en ne faisant aucune différence entre les états agresseurs et en jouant sur les intérêts individuels qui ne manquent jamais d’entrer en jeu, même pendant une guerre.
Le modèle social de Libéralie repose sur de petits territoires, à l’image d’un Monaco ou d’une Andorre. Or, nous dit-on, un petit pays n’aura jamais la puissance d’un grand état et ne pourra s’opposer durablement. Or, une des stratégies les plus efficaces, mise en pratique depuis longtemps par des pays faussement « fragiles », tels la Suisse et Israël, tient à maintenir leur forte attractivité. Cela consiste à faire en sorte d’attirer à soi les meilleurs talents et les grands intérêts privés, tels des ingénieurs prometteurs, ou des hommes d’affaires confirmés qui amènent du capital, des moyens. Ainsi que de l’influence.
L’attractivité peut aussi prendre une dimension morale ou fiscale, donnant des arguments efficaces pour les grandes fortunes d’aujourd’hui et de demain. Cela permet de démultiplier des « armes » contre lesquelles un état classique et bedonnant, mal organisé et inefficace, aura fort à faire. Cela permet aussi d’attirer le capital personnel des chefs des états potentiellement agresseurs, qui dès lors ont tout intérêt à ne pas détruire leurs biens par une guerre irréfléchie.
Contestations
Certains esprits chagrins nous imaginent parfois préférer nous borner à constater la misère ou les conflits dans le monde plutôt que d’accepter qu’on y intervienne, comme au Mali par exemple. L’idée de départ est simple, elle consiste à revenir aux principes libéraux : si je respecte l’intimité de mon voisin, dont je ne vois et ne sais jamais qu’une mince partie de la vie, je peux légitimement lui exiger en retour de respecter la mienne. À l’inverse, si je me mêle de ce qui ne me regarde pas, il ne faut pas m’étonner de subir des retours de bâton, des représailles : « Interventionism strikes back ».
Il est par contre tout à fait envisageable, parfois souhaitable, d’intervenir, ou plutôt d’agir de manière douce et pacifique, typiquement par la charité – celle que les ONG sont censées l’incarner – certes pas toujours dignement. S’il est sain de vouloir aider les peuples à sortir de la misère ou de l’oppression, il ne peut être porteur de Liberté que d’imaginer le faire par une forme quelconque d’action militaire.
Enfin, toujours dans cette ligne, n’oublions pas qu’un état reste un état. Prétendre qu’il est « bien » de souhaiter remplacer par l’intervention et la force un régime par un autre qui serait « meilleur » revient à se bercer d’illusion sur la nature même du régime « salvateur ». A contrario, le Liechtenstein ne bouge jamais.
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