Source de violence
L’absence de mots pour faire son histoire, et le manque de mots pour se réaliser, sont toujours source de violences à venir.
Infanticide
Dernièrement, il fut question aux actualités, de cette femme, oui je dis bien cette femme et non cette chose, ce monstre obèse, cette femme répondant au nom de Dominique Cottrez.
Cette femme a tué huit de ses nouveaux-nés, entre 1989 et 2000. En juillet 2015, elle a été condamnée à neuf ans de prison. Et si je vous en parle, c’est en raison de l’information nous annonçant qu’elle vient de sortir de prison, après trois ans de détention. N’étant pas moi-même, ni mes proches, directement agressée par cette femme, je ne me sens pas mise en danger du fait de sa sortie de prison.
Pour autant, l’information communiquée m’afflige, m’interpelle et m’interroge. Non pour juger du jugement, ni juger cette femme d’un point de vue moral, mais pour juger du fait qu’un être humain puisse tuer et même tuer le fruit propre de ses entrailles, sans s’attaquer à personne d’autre qu’à lui-même et à la vie, finalement.
Par quel mécanisme mental, un être humain peut-il bien en arriver à sacrifier ses propres nouveaux nés, a priori totalement inoffensifs et innocents de toute agression ?
Dominique Cottrez, à son procès, avec son avocate.
Monstre ?
À la lecture des différents récits concernant Dominique Cottrez, un fait m’interpelle particulièrement. Sans reprendre point par point les détails, je retiens que cette femme n’a pas elle-même de mots pour décrire ce qu’elle a fait, pour exprimer les raisons qui l’ont amenée à commettre et répéter ses crimes.
Son entourage n’a pas non plus de mots et l’auditoire cherche à y trouver de la cohérence pour expliquer ces actes, sans pouvoir réellement convaincre qui que ce soit d’une quelconque rationalité.
Cette femme aurait donc agit placidement, pour simplement se débarrasser de ses nouveaux nés, sans aucune raison valable, se comportant tel un monstre impulsif sans aucune capacité d’entendement ?
Pourtant, si cette femme est un être humain, ce qu’elle est apparemment, il n’est pas possible de la juger comme si elle n’était qu’un monstre.
Soit, elle n’est pas un monstre, elle est un être humain et comme pour tout être humain, même si cela est difficile, ce sont les mots qui lui donnent raison ou tort.
Ecouter
Alors, il convient d’écouter ce qu’elle a à dire, à commencer par lui donner la parole. Et des mots qui sortent de sa bouche, elle raconte.
Elle raconte que sa propre mère, pour ne pas l’entendre, la gavait.
C’est simple, un bébé gavé dort, grandit et grossit en silence.
Elle raconte que pour cette raison, elle est devenue obèse.
Elle n’était visible aux yeux des autres que par son obésité.
Les mots qui émanaient d’elle, se taisaient.
Les mots qu’elle recevait des autres, ne révélaient que son obésité, rien d’autre, pas un autre son.
Elle est devenue une énormité muette, sans jamais revendiquer un autre état, un état de femme, un état d’être humain souverain doté de multiples capacités.
Des capacités, elle ne s’en connait pas d’autre.
Elle n’était qu’un énorme déversoir, comme une oie que l’on gave pour en extraire un foie gras.
Son témoignage me rappelle le film ‘La grande bouffe’, à la différence que les personnages du film choisissent délibérément leur suicide. Dominique Cottrez ignorait tout d’un tel choix possible.
La Grande Bouffe, morne histoire de suicidaires se gavant.
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