Situation
Comme tant de choses qui se passent dans le monde, on n’a guère entendu parler du renversement de régime survenu en août 2023 au Gabon, où un certain Brice Oligui Nguema est devenu à Libreville (!) le nouveau «Président de la Transition» de ce pays.
Le Gabon est un pays riche sur le papier, pourtant les soixante et quelques années passées depuis son indépendance — comme beaucoup d’autres ex-colonies n’ayant pas su se libérer de leur lourd héritage jacobin — n’ont guère brillé par un esprit de Liberté et de “développement” — chose étonnante de la part d’une “démocratie”, non ?
Ce personnage est tout ce qu’il y a d’officiel, puisqu’il a même fait le voyage vers Paris pour se faire adouber, comme il se doit en Afrique francophone, par son suzerain : j’ai nommé Emmanuel Macron, qui lui-même se prétend «Président de la République». Cet événement n’est pas de mon invention, puisqu’une photographie en atteste bien.
Personnage
Cette arrivée du sieur Brice Oligui Nguema au pouvoir n’aurait sans doute jamais fait son chemin jusque dans ces pages si je n’étais tombé, par le plus grand des hasards, sur une vidéo, accessible ici, dans laquelle ce militaire, en grande tenue, joue à la distribution des baffes envers un large parterre de subalternes très ternes dont il remonte systématiquement les bretelles comme un instituteur sévère rend les copies.
Dans cette vidéo, il y a bien sûr le fond et la forme. Et surtout le fond derrière le fond.
Quel est le contexte ? Brice l’explique. Dans une situation où la production électrique est devenue critique, la bureaucratie harassante, 2500 personnes, étalée en parterre muet devant lui, n’a réussi à fournir qu’une dizaine de groupes électrogènes au pays, sans pourtant avoir réussi à les faire fonctionner au bout de 2 mois. La performance est plus que minable et ridicule, elle est digne des meilleurs scores de la grande URSS.
Brice n’hésite pas à les traiter d’incompétents. Il est très dur avec ces fonctionnaires.
«Si vous ne voulez pas travailler, autant laisser la place à d’autres.» «Mais vous êtes contents de récupérer leur argent chaque fin du mois.» «Revue des salaires et des avantages : à la baisse. Celui qui n’est pas content dépose sa démission.»
Conte des Milei Unis ?
À écouter ces propos, on se dit qu’on a affaire à un autre adepte du régime minceur de l’état, une sorte de Javier Milei à casquette qui aurait troqué la kalachnikov contre une tronçonneuse, plus noire mais moins jaune. On se dit que décidément, avec un peu de volonté et de courage, un homme de circonstances et plutôt de bon sens ne peut être que digne d’intérêt, vue la crise que traverse — lui aussi — ce pays tellement gangréné.
Et pour preuve, il y a en plus le commentaire de la personne qui a publié cela sur X :
«On devrait faire ça en France pour les dysfonctionnements de l'eau aux Antilles, en Guyane et à Mayotte, mais malheureusement ici il ne faut jamais stigmatiser les dirigeants qui ne sont pas à la hauteur.»
““Au moins, ce Brice, lui, il est clairement à la hauteur. D’ailleurs, Macron ne s’y est pas trompé. Il compte manifestement sur lui pour redresser la barque, et le soutient.””
Le fond interpelle. La forme est un peu exotique et clinquante, mais le fond interpelle. Un homme fort à l’esprit pratique et au courage de faire ce qu’il faut, c’est tentant.
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