On devrait trier les élèves, mais pas les déchets

Deux indices du retournement de la logique et des valeurs du monde actuel...

L’Immonde

Un article récent paru dans ce «journal» titrait “On trie les déchets, pas les élèves !”, il ne m’en fallut pas plus pour être agacé par ce nième appel au stupide tri des déchets — envers lequel, je vous rassure, je fais tout ce que je peux pour offrir ma résistance.

En surface, le sujet de l’article porte sur le “tri” des élèves au sein de l’EdNat, mais je ne ferai qu’une brève critique de cette “revendication” bien socialisante. Ne nous y trompons pas, mon sujet réel sera le tri des déchets. De quoi, de quoi, voilà que les libertariens sont opposés au tri des déchets !? Mais décidément, quels déchets, ces libertariens ! Il est vraiment temps que Dame Nature fasse le tri sélectif de ces tarés !!

Des Fourmis

Abordons rapidement le tri des élèves. Ne pas envisager le “tri” des élèves, c’est ne pas envisager d’adapter l’enseignement, en teneur ou en méthode, aux élèves. C’est concevoir les élèves comme des fourmis, toutes les mêmes, ouvrières bien sûr, et enseigner à chacune la même chose, juste assez pour qu’elle tienne sa petite place dans la chaîne de la vie de la colonie. Travailler, obéir et se sacrifier pour la colonie.

Refuser de trier les élèves ne laisse que trois options face à la réalité du monde :

1. Soit enseigner et instruire tous les élèves comme s’ils étaient les meilleurs, et bien sûr finir par laisser sur le côté la grande majorité qui ne suit pas ni ne peut suivre.

2. Soit enseigner et instruire au niveau le plus faible, nivelant tout le monde par le bas — de loin l’option la plus facile et la moins exigeante : il suffit de ne rien faire.

3. Sinon, choisir d’enseigner à la moyenne et sacrifier les meilleurs et les plus faibles.

Tout cela est d’une grande évidence. L’égalitarisme voit les Hommes en fourmis. L’égalitarisme vise donc à faire des Hommes des fourmis. Notre bonheur sera fourmis !

Être la Poubelle

Mais revenons à notre sujet principal, le tri des déchets, après le tri des fourmis.

Cela fait désormais des décennies, trente ans ou plus peut-être, que l’on nous pousse à trier nos déchets nous-mêmes, parce que, comprenez-vous, c’est impossible une fois que tout est mélangé dans les poubelles. C’était du moins la thèse avancée à l’époque.

Depuis, on a vu pousser et fleurir partout une armée de poubelles jaune et noir — ah ! quelle ironie pour un libertarien ! — et même de plus en plus multicolores, selon qu’on les aura destinées au verre, au plastique, au carton ou que sais-je encore — toutes mes excuses, je n’ai jamais réussi à passer le permis poubelle.

Wall-E

Pourtant, en 2008, en marge de la crise des subprimes, sortait le film “Wall-E” qui aurait dû faire un peu plus réfléchir les zécologistes à la question. Keskidi ? Réfléchir ?

Que nous disait ce film, en gros ? Que dans un certain avenir, notre planète aurait tellement bien réussi à trier ses déchets qu’elle en aurait été envahie et que les hommes l’aurait quittée, laissant des robots autonomes faire le ménage et la reverdir.

Wall-E est un de ces petits robots qui prend son travail à cœur, tant et si bien que son cœur finit par s’ouvrir au monde… et à une jolie robote…

Il y a un grand paradoxe dans ce scénario gentillounet qui pourtant ne semble pas avoir sauté aux yeux de grand monde à l’époque.

Car si l’Homme n’a pas su trier ses déchets et que par contre des Wall-E par milliers pourront non seulement le faire, mais aller jusqu’à reverdir la Terre, pourquoi ne pas tout de suite confier la tache et la tâche à la robotique ? Pourquoi ne pas esclavagiser Wall-E plutôt que d’esclavagiser les Hommes plus bas que leurs propres (!) déchets ?!

Wall-E et ses cousins, demain trieront le monde...