La "Violence" de la Sécession
Où est la violence dans le droit de dire "non, sans moi" ?
Sécession ou Révolution ?
Depuis longtemps, j’explique — et d’autres avec moi — que la sécession est la seule voie réaliste vers la Liberté, le vote condamnant les votants à demeurer en démocratie. Pourtant, j’entends encore bien des questions. Et bien sûr, il est sain de s’interroger, je me dois le premier de m’interroger, pour que les réponses éclaircissent notre chemin.
La question de la violence de la sécession me vient ainsi parfois aux oreilles. S’il est évident que les libertariens se refusent à envisager la révolution, du fait de sa violence, les mouvements qui ont accompagné diverses sécessions par le passé n’aident guère à classer la sécession dans le domaine pacifique. De plus, on peut également avancer que revendiquer le droit de sécession, ou tout simplement rompre d’avec un régime en place, c’est quelque part faire la révolution, une révolution comme celle de Copernic.
Ainsi, la sécession est-elle violente ? Comment peut-on faire sécession sans violence ? Telles sont les questions qui m’intéressent dans cet article.
L’Homme Révolté
Le point de départ de toute réflexion sur la sécession ne peut être, à mon sens, que le message laissé par Albert Camus dans son livre, «L’Homme Révolté». Quel est-il ?
Il est assez simple, en fait, et la citation qui suit l’exprime parfaitement, je pense. Il consiste à dire que tout homme, soumis à l’esclavage ou à l’oppression d’un pouvoir quel qu’il soit, trouvera à un moment en lui la volonté convaincue pour relever la tête et dire : «non, ça suffit !» Cet instant, ce «non !», est le point où le Droit naturel trouve à ressurgir en lui, où la légitime défense profonde se fait jour en l’Homme, ainsi libre.
«L’esclave, à l’instant où il rejette l’ordre humiliant de son supérieur, rejette en même temps l’état d’esclave lui-même. Le mouvement de révolte le porte plus loin qu’il n’était dans le simple refus. Il dépasse même la limite qu’il fixait à son adversaire, demandant maintenant à être traité en égal.» — Albert Camus
Ce «non !» est bien sûr l’expression, la manifestation de sa révolte envers l’oppression, d’où le titre du livre de Camus. Mais cette révolte n’a rien d’une révolution violente. Il ne s’agit que de légitime défense ; c’est même ce qui révèle la légitimité du droit de chacun à vivre dans le respect et hors de l’oppression. C’est axiomatique, dirait Hoppe.
«Au “je me révolte, donc nous sommes”, la révolte aux prises avec l’histoire ajoute qu’au lieu de tuer et mourir pour produire l’être que nous ne sommes pas, nous avons à vivre et faire vivre pour créer ce que nous sommes.» — Albert Camus
Sans Moi !
Si Camus — et d’autres auteurs sans doute — établit par son Homme révolté la valeur incontestable de la légitimité du «non !», cette opposition peut cependant prendre bien des formes dans la pratique. À commencer par la revendication à sortir du lot.
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