Mourir. Naturel.
S’il est un sujet rarement évoqué, y compris chez les Libéraux, c’est bien celui de la mort et tout ce qu’elle implique durant la vie.
Rappelons ici qu’il est naturel de mourir. Rien n’est éternel. Tout comme tout tombe, tout corps vivant finit par mourir.
La mort est l’avenir de chacun, connu par chacun, quoi que chacun fasse de son corps durant sa vie. La mort est inévitable, chacun le sait parfaitement.
Durant sa vie, chacun fait bien ce qu’il veut de son corps. Il est couramment admis que le corps d’une personne est inviolable, en droit. Le corps est réputé appartenir à une et une seule personne, qui en a la jouissance et la responsabilité.
Mais quid du corps d’une personne qui décède ?
La personne vivante est en mesure d’assumer la responsabilité de son corps, d’en prendre soin, le nourrir, le protéger, pour son plus grand bonheur physique et spirituel. La personne décédée n’en est plus capable, alors même que son corps est encore présent.
Cette présence, en l’absence de mouvement et d’action, entre alors dans un lent processus de décomposition, allant jusqu’à la faire quasiment disparaître physiquement.
Ce processus, en outre d’être désagréable pour les vivants en raison des odeurs nauséabondes qu’il provoque, est également dangereux pour eux.
Risque. Respect.
La décomposition d’un corps inerte a tôt fait d’abriter des bactéries et autres espèces comparables, qui justement ont pour fonction de réduire à néant ce corps. Mais ces bactéries peuvent tout aussi bien, sans distinction, opérer sur des vivants, proliférer et les anéantir. Il convient alors aux vivants de s’en préserver, en ne laissant pas les corps morts à l’air libre. Sinon, la vie pourrait bien propager la mort.
De son vivant, chacun voit la mort avec son propre regard, impénétrable aux autres.
Et c’est de leur propre vision de la vie, puis de la mort, que ceux encore debout et animés, prennent en charge le corps de ceux qui tombent et ne se relèveront plus.
Les vivants s’occupent ainsi des corps des morts pour préserver la vie et permettre à la vie de perdurer malgré la mort certaine et inéluctable.
Si ce constat, que nul n’a intérêt de vivre en présence de corps morts, est universel, il ne répond pourtant pas à la question de savoir quoi faire d’un corps mort.
Faut-il l’inhumer, le brûler, le cryogéniser, le composter, l’expulser dans l’espace ?
Accompagner.
Puisqu’il est naturel de mourir, comme chacun le sait et peut le constater tout au long de sa vie, il est alors parfaitement légitime que chacun ait le droit de s’exprimer avant sa mort, pour répondre à cette question qui concerne son corps dont il demeure propriétaire jusque dans la mort.
Pour demander aux vivants de l’accompagner dans la mort. Pratique de toujours…
Et cette volonté de son vivant, doit absolument être respectée, parce que la mort est aussi l’avenir de chacun, visant à protéger la vie qui perdure bien au-delà.
Une société qui n’accorderait pas ce droit inaliénable de dire sa volonté pour soi, y compris une fois mort, coure le risque de voir la vie de son espèce dégénérer et disparaître. Par le danger, et par l’irrespect de demain envers hier ainsi installé.
Il en est ainsi d’une société qui condamne les individus à un usage collectif de leurs corps. Les fosses communes sont des fautes bien trop communes.
Laisser choisir.
Cette société-là n’est pas sans rappeler l’existence de charniers. Cette société-là ne brille pas. Elle est vouée à sombrer dans la barbarie, elle est abus de pouvoir, elle montre vouloir s’approprier le corps des autres, y compris lorsqu’ils sont morts.
Tandis qu’une société qui permettrait, par exemple, de se faire enterrer dans un cocon au fond de son jardin, ou de répandre les cendres de ses défunts là où ceux-là l’ont souhaité, aurait toutes les chances d’accoucher d’enfants régénérateurs, heureux d’être les dignes héritiers de la propriété intégrale de leurs corps, à tout jamais.
Artid