Réhabiliter l’Homme
Contre les doctrines associées du communisme, socialisme, nazisme, réduisant l’Homme à l’état d’horreur absolue (voir la montée du socialisme du siècle précédent et les sordides guerres qu’il enfanta), Nietzsche avait pourtant averti et mené une entreprise héroïque, solitaire et dévorante : celle de réhabiliter l’Homme, de l’élever au-dessus de la morale oppressante qui pesait sur son époque.
Toute sa vie, il a persévéré dans cette tâche, guidé par la conviction que les valeurs héritées, celles qui asservissent l’esprit et enchaînent les instincts, n’étaient rien de moins qu’une trahison de la véritable nature humaine. Aux yeux de Nietzsche, ces valeurs — de bien et de mal, de sacrifice et de renoncement — avaient été façonnées pour contenir l’homme, le maintenir dans une médiocrité obéissante et l’empêcher de grandir, de s’affirmer.
Pour lui, réhabiliter l’Homme signifiait renverser la morale chrétienne, cette morale qu’il voyait comme une inversion des valeurs vitales, une glorification de la faiblesse et de la soumission. Là où la tradition prônait l’humilité, Nietzsche défendait le droit naturel de l’Homme, l’éloquence de la Liberté. Là où la moraline exaltait la résignation, il clamait la puissance de la volonté et la conquête de soi-même.
Son entreprise était celle de «l’éternel retour» : une invitation à embrasser la vie telle qu’elle est, sans regret ni ressentiment, en transcendant les conditionnements et en se libérant du poids des dogmes.
Nietzsche a érigé l’Übermensch, le Surhomme, comme une figure de libération, un être qui dépasse la morale traditionnelle pour créer ses propres valeurs, pour se hisser «par-delà bien et mal». Il appelait l’Homme à devenir un créateur, à oser se redéfinir sans crainte et sans culpabilité. Pour Nietzsche, l’ultime réhabilitation de l’Homme passait par cette capacité à se réinventer, à devenir un grand être, à vivre intensément, sans répit et sans excuse.
Cet idéal l’a consumé, et jusqu’au bout il l’a défendu, avec ses mots comme avec son âme, pour une humanité qui ose se hisser à sa propre hauteur. Nietzsche a incarné ce qu’il prônait : la persévérance, le refus des concessions à la médiocrité, et la volonté d’affirmer l’Homme, non pas comme un être soumis, mais comme un être Libre et responsable.
Voie Ouverte
Hommes d’aujourd’hui, Nietzsche vous a ouvert la voie. Cette fois-ci, ne faites pas encore les aveuglés ni les sourds. Il est temps de briser vos chaînes invisibles et de secouer la torpeur qui vous retient. Hier encore, vous étiez des enfants bercés par les dogmes et endormis par la voix rassurante de la religion. Vous marchiez sous la houlette d’une foi qui vous dictait chaque geste, chaque pensée, chaque rêve — et vous vous soumettiez, dociles, parce que c’était plus aisé que de penser, plus doux que d’assumer la charge de votre existence.
Aujourd’hui, ce n’est plus la religion qui vous garde captifs, mais l’État. L’État qui promet de vous protéger, de vous nourrir, de vous épargner toute responsabilité. L’État qui vous infantilise sous prétexte de vous épargner la rudesse du monde. Il vous fait croire que la liberté, la vraie, celle qui arrache le voile de l’illusion, est au mieux un fardeau insupportable, au pire une chimère prédatrice. Il vous abreuve de sécurité jusqu’à l’asphyxie, vous berce de fausses promesses, et fait de vous des êtres tremblants, incapables de marcher seuls.
Renoncez à la Tutelle
Mais voilà le moment de devenir enfin des hommes, de grands Hommes, capables de porter leurs propres destinées. Renoncez enfin à cette posture d’éternels enfants sous tutelle ! Quittez la chaleur étouffante de cette main qui vous maintient sous contrôle. Soyez audacieux, soyez libres, mais surtout, soyez responsables ! La liberté n’est pas un cadeau que l’on reçoit, c’est un exploit. Elle n’est pas un confort, mais une discipline, un honneur qui exige de vous toute votre force, toute votre intelligence.
Et qu’aucun d’entre vous n’avance qu’il n’en est pas capable ! Car il n’est pas d’Homme qui soit incapable de se comporter comme tel, puisque c’est sa nature même. Ce potentiel sommeille en chacun, prêt à s’éveiller dès que l’on se décide à l’honorer.
L’éternelle enfance sous la tutelle de l’État est une cage dorée, mais une cage tout de même. Refusez-la. Cessez de vous cacher derrière cette autorité qui prétend tout savoir mieux que vous. Osez vivre sans filet, car c’est dans la chute, dans le vertige du doute, dans l’épreuve que l’homme se révèle et grandit. Soyez vos propres guides, vos propres créateurs de sens.
Vous n’êtes plus des enfants ; vous êtes des hommes. Mais encore faut-il que vous le décidiez. Et si vous atteignez cette grandeur, alors votre mission ne s’arrête pas là. Vous devrez transmettre ce feu à vos enfants, leur montrer par votre exemple que l’homme peut marcher debout, libre et fort. Que votre héritage ne soit pas une soumission aux illusions de sécurité, mais une invitation à vivre pleinement leur nature de grands Hommes. Car c’est ainsi, et seulement ainsi, que la dignité humaine pourra perdurer et que la Liberté deviendra l’étoffe des générations à venir.
Levez-vous donc, et faites de ce monde le vôtre. Osez être grands, et faites que vos enfants le soient aussi.
Dieu est mort, l’état aussi !
Artid