Le terrorisme est fils de la démocratie
Le besoin d'un soutien populaire pour laisser le pouvoir prendre plus d'ampleur.
Société de la peur
Depuis les années 60, en gros, notre société dite moderne a ses modes, ou plutôt ses phobies successives. Notre société a besoin de phobies, car elle ne sait plus fonctionner comme le clame la Constitution américaine vers la poursuite du bonheur. L'état ne pouvant pas faire notre bonheur, il lui faut nous faire peur pour justifier son existence et sa croissance. Et pour ne pas dévoiler cette stratégie, il faut que la peur vienne de manière indirecte et qu'elle évolue dans sa forme.
Alors notre époque passe de période de peur en période d'inquiétude, puis en période d'angoisse. Ainsi les gens de ma génération ont grandi sous la peur du choc pétrolier, puis de l'inflation, puis des pluies acides, puis du trou dans la couche d'ozone, de la menace de guerre nucléaire, celle du chômage bien sûr, et tant d'autres.
Aujourd'hui on nous assène les peurs de l'immigration, du pseudo changement climatique, d'un soi-disant populisme ou celle enfin de fausses discriminations. Il suffit d'ouvrir les journaux, ses acteurs de la phobisation collective. Mais il n'y a pas si longtemps, vous souvenez-vous ? nous étions encore en état d'urgence pour cause de peur du terrorisme. J'aimerais revenir sur ce phénomène, important celui-là au moins par ses victimes bien réelles.
Mascarade criminelle
Mais il est probablement utile de débuter par un retour au dictionnaire, pour bien poser les choses. Ainsi, que nous propose donc le Larousse pour "terrorisme" ?
"Ensemble d'actes de violence (attentats, prises d'otages, etc.) commis par une organisation ou un individu pour créer un climat d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays, d'un système."
Si on décompose cette définition, on y trouve finalement trois choses simples : "ensemble", "violence", et une source de "motivation". Autrement dit, le terrorisme n'est guère plus qu'un nom donné à un regroupement d'actes criminels élémentaires qui auraient tous une motivation d'ordre politique.
Avec une telle définition, bien des phénomènes courants de notre société titubante pourraient entrer dans ce champ sémantique. Ainsi en retenant l'acte de "prise d'otages", l'immense majorité des grèves organisées par les "services publics", telle la campagne du printemps dernier par la SNCF, ou les blocages saisonniers par les tracteurs agricoles, deviennent objectivement terroristes, motivées par la haine exprimée envers le "capitalisme" ou "l'Europe".
On comprend que finalement, cette définition n'est pas très distinctive et met surtout l'accent sur les motivations, oubliant la nature des actes en eux-mêmes. Or, à l'école, j'ai appris peu de choses, mais parmi elles le principe d'objectivité - supposé - de la justice. Que dit ce principe ? Il pose que la justice doit être rendue au vu de l'acte commis et des dommages ainsi subis par la ou les victimes, ceci afin que les jugements dépendent le moins possible du malfaiteur lui-même. Car sinon, nous tomberions sous la coupe de la fable de La Fontaine nous prévenant que : "Selon que vous serez puissant ou misérable - Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir."
Et voilà que je pose la question : avec le terrorisme, serions-nous déjà malades de la peste ? Car parler de terrorisme, lui donner une réalité par le verbe et pire par l'acte politique et de justice, c'est violer ce principe d'objectivité. C'est refuser de nommer les grévistes comme "terroristes" mais le faire pour les meurtriers du Bataclan. C'est l'arbitraire pur, donc. Et si c'est arbitraire, c'est forcément le produit de l'état ou de l'étatisme, car rien n'est arbitraire dans la société libre.
À ce point de l'analyse, nous avons deux choses à développer : quel est l'intérêt du pouvoir à qualifier ceci ou cela de terrorisme - mais pas les grèves - et comment se fait-il que la violence se développe ainsi dans une démocratie supposée la réduire ?
Macron et Hidalgo devant le Bataclan.
Besoin de terrorisme
L'image mise en illustration donne une idée du mécanisme politique qui se déroule. Le président de la république et la maire de Paris ensemble, seuls, bien en vue, se recueillent devant le Bataclan, après le massacre. On a vu des images similaires à Nice, comme en d'autres tristes endroits. Ces deux personnages représentent les plus hauts niveaux de l'état, état qui a été défaillant, doublement, puisqu'il a rendu ces actes possibles et n'a pas su les empêcher ni même les amoindrir. Ils viennent donc dire au peuple deux choses : nous présentons nos condoléances aux victimes, et nous nous engageons pour que les coupables soient pourchassés et pour qu'un tel drame ne se reproduise pas.
Mais quand on y réfléchit deux secondes, est-il nécessaire de nous affirmer, ou plutôt de nous confirmer cela ? Ne sommes-nous pas en droit d'attendre que justice soit faite de toute manière ? Et que notre sécurité soit assurée en toute situation ? Ne l'auraient-elles pas été ? À quoi sert donc un tel spectacle, sinon à avouer le dysfonctionnement de l'état ?
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à Lettres de Libéralie pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.