Gouverner par la science ?
Gouverner par la science, véritablement, c’est laisser l’individu maître de ses choix.
Rien n’est jamais établi
Gouverner par la science. Voilà un concept qui séduit. La science, c’est la raison, la rationalité, opposée à la démagogie, à l’obscurantisme. Intéressons nous d’abord à ce qu’est la science, avant de montrer qu’un gouvernement par la science est impossible, avec quelques illustrations d’actualité.
Ce qui caractérise la science, avant tout, par-dessus tout, de manière primordiale, c’est le doute. Rien n’est jamais établi, en science. Il faut toujours s’attendre à être remis en cause, il faut toujours remettre en cause les théories. Rien n’est établi. Le consensus, souvent avancé, est une idée démocratique, l’idée qu’une majorité ferait la science. Or la science est faite par l’individu seul qui a su s’opposer aux autres.
C’est communément illustré, en sciences expérimentales, par la notion de réfutabilité de Karl Popper. Toute théorie est réfutation, c’est-à-dire qu’on la vérifie par l’expérience, et qu’une simple expérience peut réfuter la théorie. Le scientifique n’a pas d’autre métier que de réfuter les croyances bien établies.
La science, c’est aussi le débat argumenté. Chacun apporte ses arguments en faveur de sa théorie. La science est incertitude, car un accord n’est pas forcément trouvé entre les thèses débattues, et plusieurs théories peuvent être en concurrence, toutes dûment argumentées. Raison et réalisme priment sur tout.
Science économique
La science économique est un exemple de tels débats. La pensée dominante considère que l’économie peut être mathématisée. À partir de la méthode mathématique, tout et son contraire est « prouvé » ! Ainsi, par la même méthode, on démontre que le keynésianisme fonctionne, tout autant que la théorie néoclassique. Pourtant, l’école autrichienne d’économie se distingue en considérant que l’économie concerne l’action humaine, l’action des individus, et qu’elle n’est par ce fait non mathématisable. Elle tend d’ailleurs vers des conclusions uniques, plus rigoureuses que les méthode pourtant dominantes, qui aboutissent à tout et son contraire. Lesquelles n’ont toujours pas su sortir tout le monde de la pauvreté.
Alors, comment gouverner par la science ? La science est doute, débat, incertitude. Tout le contraire de la vérité établie qui lui est attribuée, et qui justifie le gouvernement par la science. Choisir une des théories en concurrence, comme on l’a fait en décidant qu’il n’y avait pas de traitement contre le coronavirus chinois, ce n’est pas de la science. C’est de l’arbitraire. Car la science nous disait qu’il y avait des opinions divergentes. On a choisi une opinion contre une autre. Ce n’est pas de la science.
Et comment cette opinion a-t-elle été choisie ? Le critère scientifique est exclu, car la science, ce n’est pas choisir une opinion : c’est laisser chercher et laisser le débat trouver. Donc, ce sont d’autres critères qui interviennent : l’opinion de ceux qui décident ; montrer que le gouvernement agit, face à la demande d’action ; experts qui veulent imposer leur opinion. La corruption est toujours envisageable, également, même si, précisons, il ne s’agit ici que d’en décrire la possibilité, pas d’accuser. Seule la réflexion nous motive. Ce qui est clair, c’est que la science a peu à voir avec ce choix. Ce n’est ni sa place ni son rôle.
Propagande
Pire, on peut envisager, pour imposer une opinion, de manipuler l’opinion. En créant, par exemple, une atmosphère de peur face à un danger. Et en prétendant qu’une solution scientifique établie, indiscutable, permettrait d’échapper au danger. Toute similitude avec une quelconque situation réelle étant bien sûr fortuite. La science peut aussi servir de dogme. Le Code du travail est ainsi entièrement bâti et justifié par la croyance marxiste en une exploitation des « travailleurs » par les « capitalistes ». Croyance portée aux nues pour cause de statut scientifique, qui pourtant ne résiste pas deux secondes à l’analyse réaliste.
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