Deux exponentielles, laquelle l'emportera ?
Vivons-nous l’époque d’un point d’inflexion, où l’état-boulet irait plus vite que le capital-innovateur ?
Intuition ?
Ce bref article n’a pas grande valeur scientifique, mais relève plutôt d’une intuition que je souhaitais partager avec mes amis libéraux, pour voir si nous analysons les grandes tendances de notre situation socio-économique de manière proche, ou pas.
Donc chers tous et toutes, n’hésitez pas à vous lâcher et à réagir à cette pure conjecture. Peut-être d’ailleurs suis-je dans l’évidence, et dans ce cas, mille excuses pour ne pas avoir su la reconnaître plus tôt – mais dans ce cas, pourquoi n’en parle-t-on pas plus ?
Virage
Voici l’idée livrée à votre sagacité. Jusqu’il y a un peu plus d’un siècle – 1913 : Création de la FED, 1914 : Première Guerre mondiale, 1919 : Traité de Versailles – l’état n’avait que des moyens encore assez limités pour intervenir dans les grandes économies mondiales, américaine comme européennes.
Puis avec ces événements, la démocratisation de l’Europe, Weimar, la Seconde Guerre, le New Deal et ensuite à partir de 1971, la monnaie universellement fiduciaire et virtuelle, en France, aux Etats-Unis et plus ou moins – mais en tendance – partout dans le monde, le poids et l’intervention de l’état s’est accrût toujours plus et toujours plus vite. Nous en vivons un apogée probable de nos jours avec les crises et les guerres qui s’enchaînent et qui mesurent combien la boule de neige qui toujours grossit menace tout sur son passage.
Explosion
En parallèle, toujours depuis un siècle environ, la mondialisation et ce qui reste de capitalisme dans ce monde ont conduit à une explosion technologique avec la voiture, le téléphone devenu portable, l’ordinateur qui devient ardoise magique, la pharmacopée devenue génie génétique, l’avion qui réduit les distances et j’en passe tout une foule.
Cette explosion se voit de nos jours par des prix ridiculement bas pour accéder à internet et donc à l’infinité de la connaissance humaine, la voiture devenue une commodité et un accessoire de mode et surtout l’accélération constante et universelle du rapport valeur / (prix . temps). (Plus de service, moins cher, plus vite.)
Exponentielles
On peut donc caractériser le siècle passé comme ayant vu l’émergence conjointe de deux phénomènes de natures empiriquement (vaguement) “exponentielles”. L’état comme frein économique de par ses multiples interventions et son endettement voit son poids – et donc sa capacité à nous ralentir – croître exponentiellement, pour atteindre en France un des sommets mondiaux. Le développement technologique voit de même sa capacité à nous apporter de la valeur par l’innovation, une distribution mondiale et une baisse continue des prix connaître, aujourd’hui aussi une accélération exponentielle.
La première exponentielle (l’état) est un boulet au développement de la civilisation, de l’accès à la justice sociale et de la prospérité. Elle engendre toujours plus de conflits sociaux, d’érosion de la propriété et de faim dans le monde. La seconde exponentielle (technologie & capitalisme) est de nature bénéfique. Elle nous apporte toujours plus de richesse et de bien-être. Elle sont donc en opposition et la croissance de la première vient réduire les bienfaits de la croissance de la seconde, qui compense la première.
Il me semble que depuis un siècle, en gros, l’exponentielle étatique restait largement contrebalancée par l’exponentielle capitaliste-technologique pour un bilan positif matérialisé par une forte et longue croissance mondiale. Et il me semble aussi que nous vivons l’époque d’un point d’inflexion, celui où finalement l’état-boulet irait plus vite que le capital-innovateur.
Laffer Chute
Si ça devait être le cas, comme dans une gigantesque courbe de Laffer où nous serions passés « de l’autre côté », celui qui redescend, nous serions au début d’une crise profonde où l’accélération du poids visible de l’état, celui qu’on ressent malgré le confort du progrès, risquerait de bloquer toute la société.
Si j’ai tort, bonne nouvelle. Mais pour combien de temps ? Si j’ai raison, nous voilà dans de beaux draps. Mais il y a pourtant une bonne nouvelle : la courbe de Laffer chute, comme l’état qui nous suce le sang. Il ne pourra pas survivre longtemps sans sa dose…
Mais dans combien de temps ? Et avec quels dégâts ?
Stéphane Geyres