Ce que les Ramones sont au monde du Rock
Comme quoi, l’étude du Rock du XXe Siècle peut mener à des conclusions surprenantes.
Musique
Fan du Rock des Ramones, je vous propose d’évoquer comment mon intérêt pour ce groupe m’a inspiré un parallèle que j’espère novateur entre leur musique et la pensée libertarienne.
Un des domaines de prédilection de mon enfance fut la musique et j’ai bien conscience aujourd’hui que ce « choix » fut, si ce n’est dicté, du moins dirigé en sous-main par une industrie alors florissante et en pleine expansion, à savoir celle du disque vinyle ou microsillon et de tout ce qui allait avec.
Je suis né en 1961 et mon parcours musical fut très banal… jusqu’à un certain point de rupture. Petit, je ne pouvais aimer que ce qui passait le samedi soir à la télé, à savoir Sheila et Cloclo. J’étais (secrètement bien sûr) amoureux de Sheila dès l’âge de 6 ans et j’adorais le dynamisme de Cloclo… avant de succomber aux charmes à peine voilés de ses Claudettes. Bref.
Donc, je commençais à collectionner pas mal de 45T de ces deux stars très médiatisées. Puis un jour, mon frère, plus âgé de 6 ans, m’offrit « Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band » des Beatles. Mon tout premier 33T. Evidemment, je ne comprenais strictement rien aux paroles, mais je découvrais un univers jusqu’alors inexploré par mézigue.
J’ai adoré ce disque, je l’ai usé jusqu’à la corde sur l’électrophone de mon frère. Ce disque m’a ouvert vers d’autres horizons musicaux, tel T Rex et quelques autres groupes (Chicago par exemple) de l’époque. J’aime toujours les Beatles aujourd’hui, mais comment ne pas aimer certaines (en fait un bon paquet) de leurs chansons ?
Ramones Ramones
Enfin, alors que je tournais quelque peu en rond, en 1976, ce même frère m’offrit le deuxième disque le plus marquant de mon enfance : le premier disque des Ramones appelé sobrement « Ramones » avec sa pochette en noir et blanc montrant quatre individus patibulaires sur un fond de mur de briques. Je pose donc le disque sur la platine, lance l’électrophone…
Et je reste stupéfait, disant à mon frère : « Mais ils sont nuls ! ». Il faut dire que le son de cet album est saturé, les chansons ne dépassent pas les 2 minutes 30, il n’y a pas l’ombre du quart du dixième d’un moindre solo, aucune finesse. Bref, on est très très loin du son de Sgt Pepper’s. Mon frère en souriant me répond alors : « Lis les paroles » (au dos de la pochette rudimentaire). Ainsi, je réécoute le disque tout en essayant de suivre les borborygmes de Joey Ramone (le chanteur) en lisant les lyrics truffés d’argot New-Yorkais.
Néanmoins, il ne me fut pas très compliqué de traduire « Beat on the brat with a baseball bat », « Now I wanna sniff some glue », « I don’t wanna go down to the basement » et autre « I don’t wanna walk around with you ». Et j’avoue avoir pleuré de rire sur fond de rock minimaliste mais joué à 200 km/h. Et finalement, en réécoutant cet album plusieurs fois, je perçus derrière cet aspect nul, écorché vif, sursaturé, foudroyant, d’authentiques mélodies pop-rock, des lyrics incroyablement novateurs, agrémentés de quelques rares et courts – mais redoutables – chœurs pile là où il fallait.
En bref, le minimalisme juste parfait. Si vous préférez (et si vous aimez le rock), un fond excellent lié à une forme qu’aujourd’hui nous appellerions « raw ». Surprenant à cette époque où la plupart des groupes sortaient des morceaux qui n’en finissaient pas, avec des soli de guitare ou d’orgue, voire de batterie interminables. J’étais accro, trop tard, il m’était impossible de faire machine arrière.
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