Amour, Psychanalyse et Liberté - #1 Amour
Amour : Quel est le point commun entre le couple, l’amitié et la filiation ?
Sens de l’amour
L’amour est un concept que bien peu de gens, à ma connaissance, maîtrisent ou du moins en maîtrisent le sens et l’essence. Le plus simple, pour réaliser cette vérité, c’est de lancer le sujet de l’amour « en société » à l’occasion d’un repas ou d’une réunion, peu importe. Vous verrez que, dans plus de 90% des cas, quand vous lancez le sujet, les gens y répondent par le cas particulier de la relation de couple.
Après les avoir écoutés, il suffit de leur poser la question : « Très bien, vous venez de me parler du couple ; mais qu’en est-il de la relation parent-enfant, ou encore de la relation amicale ? N’est-ce pas de l’amour ? » Ce qui devrait déboussoler votre interlocuteur qui finira inéluctablement par bredouiller que c’est pas pareil, etc. pour ne pas perdre la face. Et pourtant, la relation parent-enfant est basée sur un amour inconditionnel. La véritable relation amicale également.
Par cette introduction courte mais essentielle, nous pouvons réaliser qu’avant de parler d’amour, il convient de définir le mot « amour » (ou aimer).
« L’amour est universel » nous dit-on dans le sillage d’un Jésus Christ. D’accord, mais cela ne définit pas le mot en question. Finalement, je pense que la bonne question à se poser, c’est : « Quel est le point commun entre le couple, l’amitié et la filiation ? ». En clair, c’est en cherchant ce point commun que nous pourrons éventuellement approcher une définition plus juste du verbe aimer qui s’applique à ces trois relations.
Accepter l’autre
Car oui, il y a bel et bien un point commun à ces trois cas particuliers. Léo Tolstoï il y a plus d’un siècle a écrit : « Aimer, c’est accepter l’autre tel qu’il est ». Voilà le point commun. Et donc, j’ai tendance à penser que cette citation de Tolstoï est la meilleure définition à ce jour du verbe « aimer ».
Evidemment, toujours dans l’optique de « ne pas perdre la face » (j’y reviendrai plus tard), un certain nombre d’individus rejetteront cette définition en s’embarquant dans des explications plus ou moins confuses, compliquées et superfétatoires. Puis ils déclareront que la discussion ne les intéresse pas, tenant impérativement à clore le sujet - mais en ayant le dernier mot, ça va de soi. Heureusement, d’autres interlocuteurs se montreront moins obtus et nous pourrons pousser la discussion avec eux dans une ambiance cordiale et de bon aloi.
Cette définition tolstoïenne, appliquée au couple montre qu’il convient ainsi de ne pas se méprendre sur les motivations des deux protagonistes et de ne pas mélanger les choses. Car le couple, c’est compliqué. Trois notions s’entrechoquent dans cette relation particulière et chacune de ces trois notions est indépendante de l’autre :
Le désir, qui est à la base de toute relation sexuelle et dont le but (conscient ou pas) est la reproduction.
Le vivre ensemble est encore autre chose et dépasse le désir dans la mesure où le couple qui s’installe ne fait pas que tenter de se reproduire mais chacun des deux protagonistes apprend à vivre 24/7 avec l’autre, ses tics et ses manies, mais aussi ouvre des sujets de discussion avec l’autre.
L’amour, enfin, tel que défini dans le paragraphe précédent. Sans respect ou tolérance, il ne peut y avoir d’amour.
Désirer, Vivre, Aimer
Car autant le désir évolue avec le temps, autant le vivre ensemble peut devenir compliqué voire difficile, autant l’amour, lui, n’est pas à géométrie variable et est le seul élément constant de la relation, véritable point d’ancrage. Evidemment, le désir rend aveugle, des deux côtés. Et quand il s’émousse, beaucoup de couples réalisent que, dans les faits, ils ne s’aiment pas.
De plus, certaines personnes, faisant l’amalgame entre amour et couple d’une part, entre amour, vivre ensemble et désir d’autre part, ont bien du mal à comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver au divorce ou à la séparation.
C’est la méconnaissance de l’amour qui en est le principal responsable. Avoir peur de « perdre la face » dans cette situation est un terrible aveu de faiblesse, une sorte d’armure de protection dans le but de se protéger et de se préserver suite à cet échec.
Voilà pour ce premier chapitre, j’espère qu’il vous aura plu et à bientôt pour la suite dans le chapitre « Psychanalyse ».
Alain Crémades
Aimer les autres pour ce qu'ils font. Impossible de savoir "ce" qu'ils sont tant qu'ils n'agissent pas.